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Inde, 2009

J’ai réappris l’anglais

Soyons franc : comme à la plupart, on m’a fait faire de l’anglais pendant mes études secondaires, 6 ans, de la 6e à la 1re (ensuite j’ai bifurqué vers l’allemand). Par la suite j’ai pas mal voyagé en particulier aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande. Tout au long de mon apprentissage, aucun professeur ne m’avait réellement appris ce qu’il fallait et pourquoi on s’exprimait de telle ou telle façon. Un long séjour en Inde, et tout change miraculeusement. De là à dire que les professeurs d’anglais ne savent pas s’y prendre, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas.

Venons-en aux faits. Au cours des études donc, on nous bassine de grammaire et quand on en a assez, on en remet une couche, comme ça tous les ans. C’est ainsi qu’on essaie de nous apprendre des trucs aussi compliqués et inintelligibles que le présent, le présent progressif, ça ça va encore, mais aussi le prétérit ou le present perfect et bien d’autres aussi alambiqués. Je ne résiste pas au plaisir de rappeler que le present perfect s’utilise par exemple pour indiquer une relation entre un événement passé et la situation présente. Soyons sérieux, si tout le monde peut l’apprendre voire le retenir, personne ne peut l’utiliser le moment venu à moins d’être tombé dedans tout petit. Et c’est là que se produit le premier miracle. Le milieu d’abord : en Inde, peu de personnes parlent anglais, les statistiques officielles donnent 2 à 5 %, c’est vraiment très peu et on s’en rend compte lorsqu’on a besoin de quelque chose dans la rue ! Oui, mais… 2 à 5 % de 1 milliard 60 millions, cela fait quand même 21 à 53 millions de personnes ce qui soit dit en passant devient assez significatif par rapport au berceau de la langue de Shakespeare. C’est ainsi que la phrase entendue mille fois au cours du voyage « Me see » (prononcer mi si) peut signifier je vois ou j’ai vu ou je vais voir. Le sens exact est donné par le contexte. Mais pourquoi donc ne nous a-t-on jamais appris une règle aussi simple ? On nous aurait dit qu’il n’y avait qu’à parler et que le contexte apporterait la signification, on serait sans doute moins complexé vis à vis de l’anglais parlé. Inutile de multiplier les exemples, chacun aura compris, et, surtout, inutile d’essayer de retenir des règles de grammaire obsolètes, cela ne sert à rien.

Ce n’est cependant pas tout. De nouveau, chacun sait que les anglais écrivent d’une façon et prononcent d’une autre. C’est très fâcheux : tout collégien se rend ainsi compte qu’il peut comprendre un texte écrit sans être à même de le lire d’où certains déboires à l’oral. Les esprits chagrins diront que c’est un peu pareil pour le français, oui, sauf que c’est du français et là on sait ! Retour au pays des 21 à 53 millions d’anglophones : vous voulez du pain avec du beurre, demandez ou écrivez bater (à prononcer batteur) ou au contraire sans beurre et demandez without bater (à prononcer ouitaoute batteur). Au passage, fini les malheureux th qu’on devrait prononcer dur ou mou selon les mots. L’écriture de bien d’autres mots peut ainsi être simplifiée et mieux adaptée à la prononciation. Les Indiens ne sont pas les seuls à s’en être aperçu, ne perdons pas de vue que les États-Uniens écrivent overnite (passer la nuit) ou no thru road (voie sans issue)… De nouveau, ces apports novateurs permettraient une réforme substantielle de l’enseignement de cette langue.

Un complément ? Il rejoint le premier point. Il s’agit de la marque du pluriel. Eh bien c’est parfaitement inutile, le pluriel est donné par le contexte : si on veut parler de deux livres (two books à prononcer tou bouxe) par exemple, à quoi bon mettre un s à book et à quoi bon le prononcer puisqu’on sait qu’il y en a deux, il suffit de dire two book (à prononcer tou bouk). Il en est de même en conjugaison où la marque de la 3e personne au présent qui ne sert à rien n’est pas nécessaire ou des différents temps puisqu’ils découlent des circonstances.

En conclusion, encore des complexes ?