Le tourisme : le Rajasthan
Vous aimez les villes et les villages sales, vous aimerez le Rajasthan.
Vous aimez les ordures et les immondices partout, vous aimerez le Rajasthan.
Vous aimez les ruisseaux nauséabonds dans les villes, vous aimerez le Rajasthan.
Vous aimez les endroits touristiques courus, vous aimerez le Rajasthan.
Vous aimez les guides spontanés et autoproclamés, vous aimerez le Rajasthan.
Vous aimez le harcèlement des vendeurs de souvenirs tous plus authentiques les uns que les autres, vous aimerez le Rajasthan.
Anecdote à ce propos : Udaipur (prononcer Oudèpour en roulant un peu le r), au sud du Rajasthan, ville connue entre autres pour ses miniatures sur soie. Puisque la spécialité est la peinture sur soie, il est bien évident qu’un nombre non négligeable de commerçants des parties touristiques de la ville en vendent. Difficile d’échapper au harcèlement dans ces quartiers-là. Vous pouvez essayer le milieu de la rue, mais les rues sont étroites et de toute façon ils viendront vous chercher au milieu de la rue pour vous vanter leur marchandise. Là, attendez-vous à tout. Ils parlent toutes les langues de la création (c’est exagéré, et il est vrai qu’en s’en tenant strictement au créole, et en ajoutant no english, nous avons souvent pu être tranquilles) et ont vite fait de repérer que la vôtre est le français. Ils s’adressent donc à vous en français et après les salutations d’usage, de façon quasi invariable on vous demande de quelle ville vous venez, et ils en connaissent plein. Dites ce qui vous passe par la tête et là, on vous dira qu’il connaît bien, qu’il est déjà allé, qu’il est peintre et y a exposé, que c’est une jolie ville, qu’il a des amis là-bas, etc. Cela peut aller très loin, par exemple, Paris : un marchant m’a dit qu’il avait une commande du Louvre, qu’il y était allé pour exposer mais a été incapable de citer le moindre monument parisien, la Tour Eiffel n’évoquant rien pour lui. La suite est simple, il faut aller dans le magasin pour voir, rien que pour voir, regarder est gratuit. Si vous y entrez, on déballera tout pour vous et il serait bien surprenant que vous ne repartiez pas avec au moins une peinture. En fait au début et même plus tard, on a beaucoup de mal à savoir si la personne qui vous accompagne est le commerçant, un ami ou un rabatteur. Dans ce dernier cas, la pression pour acheter sera encore plus forte puisqu’il touchera une commission sur le prix de vente, tout en vous disant que le prix proposé est un bon prix, que vous ne trouverez ni plus beau ni moins cher ailleurs. Tout cela très gentiment d’ailleurs. Ce que je dis de ces marchands-là vaut pour tous et pour tous les chauffeurs (rickshaws, tuk-tuk…), l’un d’eux que je n’avais jamais vu m’a même dit : Je sais où vous logez, je peux vous y conduire !
S’en tenir là en ce qui concerne le Rajasthan serait assurément méchant bien que réel.
Vous aimez les gens gentils, serviables, vous aimerez le Rajasthan et l’Inde d’une façon plus générale.
Vous aimez les grands espaces, les déserts, vous aimerez le Rajasthan (et le Gujarat aussi).
Vous aimez les palais à couper le souffle, vous aimerez le Rajasthan (et d’autres états aussi).
Vous aimez les contrastes désert-ville, palais-ville grouillante, luxe des parcs, des palais ou des temples-animations désordonnées, vous aimerez le Rajasthan.
C’est beau, c’est grand, c’est riche sur le plan humain et sur le plan patrimonial, juste un peu touristique. D’autres voies s’offrent à vous autres que les sentiers battus. Par exemple à Udaipur, quittez le quartier touristique et descendez doucement dans le bazar et vous pourrez tranquillement regarder travailler les ferblantiers ou les vanniers, admirer les tas de toutes sortes de variétés de thé, vous promener dans les toutes petites ruelles, on vous demandera d’où vous venez et on cherchera à vous faire partager les activités sans la moindre arrière-pensée.