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Espagne, 2010

Ce soir, nous avons la visite de Pepe

Comme d’habitude depuis plusieurs jours, il pleut. Nous avons eu la chance de trouver une place - en arrivant tôt le matin - à l’extrémité est du pont romain de Cordoue, à environ 500 m de la fameuse mosquée-cathédrale. C’est pratique. À Grenade par exemple, nous étions à 2,9 km de la cathédrale. Ici, nous pouvons revenir au camping-car à volonté, aller visiter comme bon nous semble selon les horaires d’ouverture, jongler avec les averses… entre deux, nous sommes à la maison ! Du coup, nous nous installons ici la journée, puis pour le soir et enfin pour la nuit et plus si les visites ne sont pas terminées, là, au bord du Guadalquivir en crue. Après une bonne douche et le repas, nous jouons en écoutant la pluie tambouriner sur le toit. Tout est fermé, les rideaux sont tirés, aucune lumière ne filtre à l’extérieur, extérieur inondé par les lumières de la ville. La pluie limite la circulation des passants et pourtant, on veille : visite de Pepe. Pepe, c’est le préposé à ce stationnement, nous y sommes depuis le matin tôt, mais c’est maintenant qu’il se pointe, sous la pluie, à la nuit tombée. On frappe à la porte. Par le rideau de la cuisine que j’entrouvre, je vois un type, gilet fluo, qui parle du parking. On comprend vite parce que ce n’est pas la première fois, la nuit, si quand même. Dans de nombreuses villes, on graisse la patte d’un mec qui aide si nécessaire à se garer, mais attention, comme c’est un petit job, ceux qui font cela n’ont sans doute pas de voiture et je préfère me débrouiller seul, et qui assure la tranquillité du parking. On donne ce qu’on veut. Pour Pepe, travail de nuit - il a dû aller se coucher après, mais pour le principe - ce sont 2 euros. Très content, ce grand gaillard maigre qui devrait être à la retraite nous dit qu’il ferait bien attention et que, s’il y avait quelque chose, il suffirait de demander Pepe. Bon, c’est vrai qu’il n’a pas dit où demander et que nous n’avons pas eu l’indiscrétion de lui demander mais c’est vrai aussi que tout a été impeccable tout le temps que nous y avons passé. Nous ne l’avons pas revu bien que nous soyons restés une partie de la journée du lendemain.

Je parlais des avantages de la pluie la nuit en Espagne pour dormir dans la rue, c’est indéniable : sans elle, les Espagnols qui aiment se rencontrer et parler la nuit, bavardent bruyamment jusqu’à une heure avancée du petit matin dans la rue, sans elle, si l’on souhaite se reposer, mieux vaut aller chercher de la place à la campagne.

Si l’on excepte le temps, très bien cette halte à Cordoue. Avec la pluie de la nuit, les eaux boueuses du Guadalquivir dont le niveau avait baissé d’environ 2 m depuis le maximum de la crue ont remonté de 50 cm, passant de nouveau par-dessus les murets qui bordent les jardins. C’est une catastrophe, mais c’est spectaculaire. Direction la mosquée-cathédrale, là, même s’il pleut dehors, c’est à l’abri !