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Espagne, 2010

La couleur de l’Andalousie

Autant le dire de suite, l’Andalousie a deux couleurs : celle qu’on voudrait qu’elle ait et celle qu’elle a.

La première est celle du rêve, la seconde habille la réalité. La première pensée va à la palette des bleus, entre le bleu changeant de la mer du bleu turquoise au bleu profond, l’azur du ciel pur, le bleu des vacances, de la Méditerranée… La réalité est différente. Le bleu n’est pas absent, tant s’en faut, mais quelle place occupe-t-il ? Le liseré des rivages et le ciel lorsqu’il a l’heur d’avoir cette couleur. C’est passager et surtout cela ne représente pas l’ensemble de la province. La mer a beau avoir été un élément essentiel de sa construction historique, elle ne saurait la résumer ni la caractériser. Il suffit pour s’en convaincre de penser aux prestigieuses villes de l’intérieur.

À l’opposé du bleu se trouve le minéral, la terre avec ses couleurs variant à l’infini des gris à toute la gamme des ocres : montagnes dénudées recouvertes d’un déluge de pierres que le temps se charge de repeindre, terres arides, plus caillouteuses que propices à la culture et dont la couleur est tantôt d’un ocre clair comme délavé, tantôt rougeâtres, pigmenté d’oxydes. De nouveau, si tout ceci correspond bien à une partie de la réalité, il n’est pas caractéristique.

Il est une autre teinte qui ne vient pas facilement à l’esprit pour qui ne l’a pas vue, celle des végétaux. L’Andalousie est verte, d’un vert pur, dru, intense ou plutôt de verts purs, drus, intenses pour mieux rendre compte des degrés de développement et des variétés de plantes et de types de culture. Vert, vert-de-gris dans le pointillisme patiné des oliveraies recouvrant par endroits des montagnes entières, vert vif, profond et animé des immenses champs de céréales qui ondulent doucement au vent, vert désordonné des prairies dont on ne devine pas la fin et dont la couleur est renforcée par le contraste avec les troupeaux de vaches ou de moutons qui y paissent, vert sombre des bois de chênes, chênes verts bien sûr, chênes-lièges aussi, palmiers parfois. Le vert est partout, nous surprenant au détour d’une route, encaissé dans un fond de vallée, dans un parc urbain, révélant une orangeraie encore lointaine…