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Espagne, 2010

Le cycle de l’eau

La question du cycle de l’eau commence par une interrogation métaphysique qu’on peut mettre en parallèle avec la question de la poule et de l’œuf : où l’histoire commence-t-elle ? Je ne sais pas répondre et ne souhaite pas développer d’argumentation à ce propos. Nous postulerons donc l’existence d’un début du cycle de l’eau et comme je suis aux commandes, je choisis la mer.

Sous l’effet de la chaleur par exemple, l’eau de mer s’évapore. La vapeur d’eau monte et voyage au gré des courants éoliens, soit sous forme condensée, les gros et vilains nuages qu’on ne veut pas voir lorsqu’on est en vacances, soit sous d’autres formes. Le vent apporte l’air humide au-dessus des terres - pas seulement là, il pleut aussi en mer, mais là, c’est du gâchis et qu’est-ce que c’est que ce mini-cycle ?

À certains endroits, plus ou moins hauts en altitude, la condensation est telle que de l’eau forme des gouttes, des cristaux, des flocons… qui tombent en pluie, grêle ou neige, rien d’extraordinaire ou de nouveau. Et cela tombe où ? N’importe où. En quelle quantité ? On ne peut pas dire, cela dépend.

Ici, deux possibilités : l’eau ruisselle ou s’infiltre.

Et selon la réponse à la question précédente (celle sur la quantité) et la nature du terrain, elle s’infiltre plus ou moins. Si la quantité est importante, elle ne peut plus s’infiltrer et ruisselle. Mais si la quantité est très importante, le ruissellement ne s’appelle plus ruissellement mais torrent, coulée de boue, rivière ou fleuve temporaire. Et lorsque la quantité est vraiment très importante, les lieux d’écoulement naturels ne suffisent plus, se saturent et l’on assiste à des inondations, des pans de montagnes qui s’écroulent, des routes qui sont emportées… avant que toute cette eau ne retourne à plus ou moins long terme à la mer par gravitation.

Des Espagnols résidant dans des habitations troglodytiques - c’est amusant les habitations troglodytiques : en balade, sortant des petites collines, on rencontre des cheminées et des antennes de télé - nous ont dit en avoir assez de la pluie, ininterrompue depuis 3 mois (il faisait beau temps ce jour-là). Paradoxalement, l’intérieur des maisons n’en est pas plus humide, il manque un maillon à mon cycle ! Nous confirmons.

À bien des endroits, cette abondance de précipitations est catastrophique. C’est ainsi que des parties de champs de céréales sont transformées en ravines escarpées où les agriculteurs pourront conduire les touristes faire du canyoning à défaut de pouvoir récolter quoi que ce soit. Ailleurs, la culture des oliviers se fait en rizières (alors que du côté de Valence les rizières étaient à sec), avec de l’eau jusqu’au feuillage, de même pour des orangeraies. De grands champs plats transformés en lac accueillaient d’innombrables flamants roses.

Constat : il arrive que le cycle de l’eau dérape, qui s’en étonnerait avec toute cette boue partout ?