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Turquie 2012

Quelques éléments sur la conduite automobile

Priorités

En presque toutes circonstances, avancer, s’engager, passer, on peut regarder si on veux, mais à quoi bon puisque « ça passe ».
Les panneaux, identiques aux nôtres, sont nombreux et bien disposés, comme chez nous. Je vais m’intéresser ici à deux d’entre eux. Le premier est le panneau triangulaire équilatéral, pointe en bas, blanc ou crème, liseré rouge qui a l’habitude de nommer « Cédez le passage ». J’ignore tout de la façon de le nommer en turc, mais connais tout de son interprétation qui est « Passez » ou « Passez, les autres s’arrangeront ». Que mes propos ne soient pas considérés comme critiques, pas du tout, c’est une simple observation, et puis, il vaut mieux savoir. Voyons maintenant le panneau octogonal à fond rouge sur lequel est écrit en gros et en blanc STOP. Ce mot est traduit là-bas en DUR, impératif du verbe durmak qui signifie arrêter. C’est amusant. Son interprétation est « Passez en regardant ». S’il n’arrive pas un très gros camion dont il serait imprudent de couper la trajectoire, il n’est pas nécessaire de s’arrêter. On prend rapidement l’habitude de passer les stops en troisième, une bonne vitesse pour pouvoir s’arrêter s’il le fallait. D’une façon générale, on s’habitue à s’imposer et forcer le passage, c’est si naturel chez tous les chauffeurs !

J’ai participé au départ de courses de formule 1

Les feux tricolores turcs respectent le cycle suivant : vert, vert clignotant, orange, rouge, orange. Au moins la moitié d’entre eux ont de plus un « rond » supplémentaire indiquant la durée restante du vert ou du rouge. Je ne sais pas à quel âge on greffe aux jeunes turcs une puce informatique leur donnant le temps restant de feu rouge, mais l’expérience montre que si l’on a pas commencé à avancer 2 à 3 secondes avant la fin du rouge, on entend les premiers coups de klaxon. Six semaines sur place n’ont pas suffi à savoir comment des chauffeurs placés derrière, ne voyant pas le compte à rebours ou en son absence arrivent à savoir qu’il ne reste plus que 3 secondes et commencent à s’impatienter, d’où l’hypothèse de la puce informatique, hypothèse renforcée par l’universalité de l’observation du phénomène. Cela reste donc un mystère qu’un autre voyage révélera peut-être.

Une large avenue, comme souvent en ville, à 500 m, un feu vert se met à clignoter, je ralentis et tout le monde accélère. Ils passent tous à une couleur plus ou moins mûre, je m’arrête. D’autres, moins avancés, s’arrêtent aussi. La seule bonne façon de s’arrêter est de se mettre en parallèle avec le ou les véhicules déjà arrêtés, c’est-à-dire d’être en pole position. Ceci est complètement indépendant de la puissance du véhicule et de sa capacité à démarrer vite, un camion chargé avec une remorque ou un tracteur peuvent ainsi se retrouver sur la gauche, le seul point important est d’être en première ligne et même, lorsque c’est plein à ce niveau, les plus petits véhicules dont les motos se faufilent pour y parvenir. Sur une avenue à deux voies, on peut ainsi compter 6 ou 7 véhicules bien serrés dont les chauffeurs doivent compter à rebours à partir d’indices imperceptibles par un non initié. Derrière les gagnants de première place, les autres se « rangent » au mieux de leurs espoirs de dépassement au démarrage, si possible un peu entre les files pour pouvoir jouer sur plusieurs lignes, et ils doivent compter aussi de façon à pouvoir klaxonner dès qu’ils sentent le vert approcher.

Le moment venu, environ 1 à 2 secondes avant le retour du orange, le départ est donné et l’on voit des outsiders débarquer de derrière on ne sait exactement comment et en doubler d’autres pourtant mieux placés. C’est impressionnant. Pour un non habitué, mieux vaut démarrer tranquillement sans changer de file en attendant que cela se passe.


Les Turcs sont sympas

Où que l’on soit, si on a besoin d’un renseignement ou d’une aide, il suffit de demander. Parfois on a même de l’aide sans rien demander. Exemple : je me gare en marche arrière et le premier passant va me faire des signes à l’arrière pour me dire jusqu’où aller. C’est sans arrière-pensée, juste pour aider, et il sera parti avant que je ne descende de voiture pour le remercier. L’accueil est extraordinaire partout et encore plus lorsque les touristes sont rares. C’est ainsi qu’à un arrêt à une station-service, nous nous sommes retrouvés avec des verres de thé à la main avant même d’avoir demandé quoi que ce soit, etc. C’est quotidien. Il est une exception notoire, celle du Turc au volant tant qu’il roule. Vous attendez au feu rouge, le voisin de gauche vous salue, vous demande d’où vous venez, vous fait un compliment sur votre voiture... ou bien vous n’êtes pas sûr de la direction à prendre ou de l’endroit où vous garer, vous le lui demandez et il fera tout son possible pour vous aider. Le vert est à moins de 2 secondes et c’en est fini ! Bien sûr, si vous avez un problème ou une demande, faites signe à une voiture et il s’arrêtera pour vous aider, éventuellement il vous guidera pour vous mettre sur la voie. Mais la règle en route est de passer. Tout ceci vaut aussi pour les Turques.


Dépassement

Chaque chauffeur le sait, pour dépasser une voiture sur une route à deux voies, il faut ne rien voir venir en face. Et quand ne voit-on rien venir ? Pas dans les lignes droites, si, parfois quand même, mais il y a souvent des voitures en face, on les voit de loin. Les deux situations fréquentes dans lesquelles on ne voit rien en face sont les hauts de côte et les virages, voilà les endroits où doubler ! À partir de là, deux possibilités : ou bien on est doublé et on a hâte que cela se termine, ou bien on arrive en face et on n’a pas le temps d’avoir hâte que ce soit fini, il faut avoir réagi. L’expérience montre qu’au final, cela se passe bien. Ne pas perdre de vue que celui qui doublait a doublé. C’est passé, on s’arrange un peu. C’est beaucoup moins stressant à vivre qu’à imaginer et puis, comme cela ne se produit tout de même pas tout le temps, cela devient anecdotique.