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Inde 2013

La fin des poulets

Jeudi 28 novembre


AVERTISSEMENT : N’ayant aucune envie, ni les compétences pour le faire, de déterminer le sexe ou le non-sexe des volatiles en question, les poules, coqs… seront appelés poulets.


En Inde, ils sont de trois catégories : les poulets d’élevage en batterie, très très nombreux et aussi maltraités que chez nous, les poulets de basse-cour qui cherchent leur pitance et picorent de-ci de-là autour de la maison et, enfin, les poulets sauvages. Les premiers sont uniformément blancs et ont la forme que nous leur connaissons, les seconds ont des couleurs et le corps plus fin. Quant aux derniers, lorsqu’on a la chance d’en apercevoir dans la brousse, leurs couleurs vives miel et noir, leur corps élancé et leur capacité à courir feraient douter de leur appartenance à leur genre. Il ne sera maintenant plus question que des premiers. Leur consommation effrénée induit un circuit commercial dans lequel la rapidité est un atout. Ils arrivent aux grands marchés, ceux que l’on pourrait qualifier de marché de gros, par camions entiers, transportés dans des cages d’un mètre de côté et d’une trentaine de centimètres de hauteur. Ces cages sont empilées autant qu’un camion peut en prendre et dieu sait si on charge les camions dans ce pays ! Une fois arrivées à destination, les cages, débarquées une à une en évitant les trop grands écarts à l’horizontale, sont prises en charge sur la tête par des porteurs jusqu’au stand où elles seront revendues à des détaillants ou à d’autres intermédiaires. Dans une grande ville, les cages sont rapidement rechargées de la même façon dans des camions plus petits… jusqu’à leur destination finale, en ville ou à l’extérieur. Comme dit plus haut, la consommation hors lieux saints hindouistes, est élevée, villages compris. Une boucherie de volaille comporte une table avec une planche à découper, une balance et ce qu’il faut pour découper. Sur le devant, posées par terre les unes sur les autres, des cages moins grandes que le première, ce qu’il faut pour une quinzaine de poulets, pas plus - de place bien sûr. Au-dessus de l’étal, une barre horizontale à laquelle on accroche par les pattes quelques poulets tués, plumés et lavés en attente d’acheteurs. Un peu d’eau mêlée à du sang goutte parfois sur les poulets vivants en attente, eux aussi, en attente de monter d’un cran lorsque les premiers auront trouvé preneur. Quand un acheteur fait affaire, le poulet choisi est pesé et découpé en petits morceaux selon ses souhaits, le tout est ensuite soigneusement emballé dans une feuille de papier journal et payé. D’autres fois, l’acheteur en voulant un vivant, on peut voir une tête de poulet émerger d’une feuille de papier journal, le tout posé sur la balance puis emporté sous le bras. Ailleurs, des vendeurs ambulants parcourent la campagne en moto. Et chacun de se demander comment transporter une dizaine de poulets vivants sur une moto, non ? Le pragmatisme local a eu raison de ce problème, évidemment puisqu’on transporte à peu près toutes sortes de denrées et de marchandises à moto, alors pourquoi pas des poulets ? De plus, la solution est d’une simplicité confondante, il suffisait d’y penser, comme souvent. Prenez une barre de bois de deux mètres, attachez-la en travers de la moto derrière la selle, attachez ensemble les deux pattes de chaque poulet et enfilez lesdits poulets sur la barre, les pattes en l’air donc, la tête en bas et les ailes un peu flasques dans cette position peu naturelle vers le bas aussi en veillant à répartir également les poulets à droite et à gauche pour maintenir l’équilibre de l’équipage. La nature ayant bien fait les choses, l’homme est adapté à la taille de la moto et la hauteur totale d’un poulet pendant moindre que celle de la moto, c’est presque miraculeux, il ne reste plus qu’à partir sur les routes ensoleillées et poussiéreuses pour trouver preneur.

Vous aimez toujours le poulet ?