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Iran 2014

Une ombre au tableau

La consultation de statistiques mondiales montre que l’Iran est parmi les premiers en ce qui concerne la proportion de tués sur les routes, pas le premier mais très bien placé dans le peloton de tête. Eh bien, pour y avoir fait plus de 4 500 km, nous pouvons dire que ce n’est pas étonnant.

Nous ignorons si les chauffeurs ont passé un permis. La signalisation est très proche de la nôtre et n’a pas de quoi surprendre un conducteur occidental. Rares sont les panneaux exclusivement écrits en persan et, encore, ces derniers ne concernent-ils que des panneaux indicateurs de direction, voilà pour nous. Pour un chauffeur Iranien, la question ne se pose pas puisque c’est dans leur langue. La signalisation horizontale est identique à la nôtre aussi. Un décor familier donc. Encore plus familier pour les habitants. Comment expliquer alors le désordre de la conduite dans ce grand pays ?

Prenons la signalisation horizontale par exemple, personne, absolument personne ne la respecte. On double parce qu’on arrive derrière un autre véhicule, pas parce que des pointillés ont été peints sur la chaussée et que personne ne se présente en face. On change de file parce que c’est plus direct, etc. À se demander pourquoi dépenser de l’argent dans de la peinture blanche.

Je voudrais ici signaler une qualité mathématique remarquable des conducteurs iraniens, la maîtrise de la notion de tangente : la trajectoire d’un véhicule, dans sa recherche de l’efficacité et de la rapidité, demeure en permanence tangente aux obstacles fixes ou mobiles.

En ville, les principales avenues sont larges, bien plus larges que chez nous. Il n’est pas rare qu’elles fassent deux fois deux, deux fois trois voies, voire même plus de large. Les ronds-points sont à l’échelle. Nous sommes dans Shiraz et cherchons à en sortir. Nous sommes sur l’une de ces larges avenues, trois voies dans chaque sens, et arrivons à un rond-point où nous devons prendre à gauche une autre avenue de la même importance. Le rond-point fait cinq voies de large, j’essaie de rester sur la voie du milieu, la troisième donc. La circulation n’est pas dense, tous roulent vite. Une voiture passe de mon arrière droite à ma gauche et nous double, jusque-là rien de bien étonnant. Elle se rabat vivement devant nous et s’arrête pile, à moi de composer avec. Coup de frein pour s’arrêter derrière lui. Une portière s’ouvre, un homme descend et la voiture repart, tout ceci sur la voie du milieu rappelons-le. C’est tout simple, le chauffeur avait pris une connaissance et cette dernière était arrivée à destination.

D’un point de vue pragmatique, l’une des règles de conduite est de s’occuper de ce qu’il y a devant, ce qui se passe derrière est l’affaire de ceux qui sont derrière.

En ville, la conduite est réellement éprouvante. On en ressort parfois fatigué. Sur route, ils font n’importe quoi aussi, mais c’est large et pas souvent encombré.