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France 2016

Tombé dans le jardin

Samedi 13 août

Depuis plusieurs jours, nous sommes dans le nord du département pour une série de spectacles, mais, de façon à recevoir correctement des visiteurs lundi 15, nous venons à la maison afin d’aller faire les courses nécessaires au marché et dans les magasins, juste un saut à la maison puisque nous avons un autre spectacle le soir-même.

Nous avons décidé de ne repartir qu’en fin d’après-midi. Il fait chaud, les volets sont fermés et, comme beaucoup, nous vivons cloîtrés. Au moment le plus chaud, on sonne et on frappe fort à la porte. Bizarre, il y a en effet une sonnette au portail à la rue. J’ouvre et un type que je préfère ne pas décrire me dit être tombé sur la tête et les jambes. Vu sa carrure et son aspect, je préfère le laisser dehors et lui propose de s’asseoir - il ne peut pas parce qu’il a mal aux jambes. Je lui propose de s’accrocher fermement à la rampe en lui disant : « j’arrive ». Je referme la porte à clé, appelle police-secours et descend. La police n’a pas traîné, ils sont là, deux jeunes, un homme et une femme, et un moins jeune. Je leur dis ce que je sais, presque rien, ils montent l’escalier extérieur. C’est une connaissance, ils se tutoient. J’attends à l’ombre, en bas, je ne sers de toutes façons à rien. Évidemment, je dois décliner mon identité et ils appellent les pompiers. Eux sont un peu longs à venir. Entre temps, deux policiers ont aidé le type à descendre l’escalier, il a du mal à se tenir sur ses jambes, mais comment a-t-il fait pour monter et sonner à la porte ? Ils l’ont allongé dans la pelouse à l’ombre du prunier, d’ailleurs, sans jeu de mot, tout le monde est à l’ombre. Ils conversent, les policiers et le type, sans doute pour éviter qu’il ne tombe dans les vaps. Et c’est là que j’apprends qu’il vient de faire une tentative de suicide pour laquelle il est entré dans le jardin du haut et se serait laissé tomber dans celui du bas, le mur est haut. Il s’est raté mais jure que la prochaine fois sera la bonne. J’apprends à la fois des policiers et d’un voisin qu’il n’en est pas à sa première tentative et qu’il y a quelques années, il s’était laissé tomber du mur, le même, un peu plus bas dans la rue. Les pompiers arrivent enfin, 4, une jeune femme et trois jeunes hommes. Si la température avait été plus clémente, une voiture de police et une camionnette de pompiers garés en vrac sur le carrefour auraient créé un attroupement. Policiers et pompiers blaguent ensemble. Les premiers ne sont manifestement pas pressés. Ma femme qui a fini par arriver constate qu’une grosse branche d’un des rosiers au pied du mur est cassée, il a dû tomber sur eux ce qui pourrait en partie expliquer l’état de ses jambes. Sans vouloir dire du mal, ce pauvre type ne semble pas avoir inventé la poudre. Un fait demeure étrange : aucun des fils qui limitent la partie haute du jardin n’est endommagé, il ne s’est donc pas lancé dans le vide debout mais s’est glissé sous le plus bas de face ou de dos, les jambes en premier. Dans ce cas, la hauteur du mur, environ un étage et demi, n’est pas suffisante pour se tuer ou, alors, il faudrait ne pas avoir de chance. Après avoir enregistré tout ce qu’elle pouvait avec son matériel, la jeune pompière cède la place à deux de ses collègues pour la mise sur le brancard. Transport, ils partent bientôt suivis des policiers. J’aurai appris que l’espèce de pistolet jaune que le plus âgé portait à la ceinture est un taser et, au lieu de passer une bonne heure à la relative fraîcheur de la maison, je serai resté dehors en bonne compagnie.