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Espagne et Portugal 2017

Carpe diem

Carpe diem quam minimum credula postero pour être complet bien que chacun perçoive la touche hédoniste contenue dans le seul Carpe diem.

Après six semaines passées en Hispanie, nous ne comptons plus les chapelles, églises, cathédrales et autres basiliques visitées. Beaucoup recèlent des trésors artistiques anciens, peintures, fresques, sculptures, architecture… Que dire alors du Museu Nacional d’Art de Catalunya de Barcelone, du Museo de Bellas Artes de Séville, du Museu Calouste Gulbenkian et du Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne ou du Museu Nacional de Machado de Castro de Coimbra pour ne citer que les plus célèbres de notre périple ? Tous sont admirablement bien conçus et présentent des œuvres uniques. À mon faible pour la peinture médiévale s’adjoint une certaine sensibilité à la statuaire de cette période. À peu d’exceptions près, les sujets sont évidemment religieux.

Bon nombre de siècles plus tard, rien de nouveau : l’homme continue à s’interroger sur le sens de la vie et sur son avenir. Au Moyen-Âge, les choses avaient l’avantage d’être plus claires qu’aujourd’hui, on savait la vie courte et la suite ne faisait aucun doute, la vie étant un choix de l’issue avec, d’un côté, l’enfer, et de l’autre, le paradis. Je me suis donc intéressé à ces lieux hypothétiques.

L’enfer n’est pas un lieu de plaisir. On y bout dans des grandes marmites, on y grille sur des feux, on y est éviscéré par des oiseaux, dévoré par toutes sortes d’animaux fantastiques, bousculé par des diables, transpercé par des tridents, découpé en morceaux, pendu par les pieds… la liste des tourments est infinie. On n’est donc pas surpris que les personnes qui s’y trouvent n’arborent pas un grand sourire. Il en est de même du diable et de tous ses diablotins qui sont représentés comme les bourreaux sur les tableaux, indifférents et regardant ailleurs. Bien qu’aucun témoignage direct ne vienne corroborer cette vision, on pressentait bien que les lieux présentaient peu d’attraits.

Si l’enfer n’attire pas, allons voir la concurrence. L’ensemble est plus serein. Il s’en dégage cependant une impression tenace d’ennui. Pas un sourire, aucune action. La présence divine semble avoir anéanti toute expression. Peut-être s’agit-il simplement d’un effet de la béatitude, effet que je ne suis pas en mesure de vérifier, mais qui, s’il est avéré, est peu engageant ? Manifestement, on n’est pas là pour rigoler, pas de quoi être surpris que le sens péjoratif colle au mot béat qui a pourtant la même origine que béatitude.

Il serait peu raisonnable de supposer qu’une personne ait eu une idée de l’état réel de ces lieux au Moyen-Âge. Quoiqu’il en soit, l’avenir promis n’est pas rose et chacun ne pourra qu’approuver la conclusion qui est le titre de ce billet.

En complément, ajoutons que le rouge est la couleur dominante en enfer et le bleu celle du paradis, que l’on est nu en enfer et habillé au paradis et que le désordre est une caractéristique de l’enfer tandis que l’ordre règne au paradis. Toujours rien de bien attractif. En complément encore, il est à signaler que cet avenir-là ne s’est pas montré plus attrayant au fil des siècles suivants.

Après une vue* du premier lieu visité plus haut, pour éviter le désarroi, suivent deux photos qui prennent un peu le contre-pied des propos précédents.


* On aura remarqué qu’elle n’est pas médiévale.