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France 2020

Week-end de la Toussaint

Le 1er novembre 2020

Le premier ministre, Jean Castex, à propos de la mise en place du confinement : « Une tolérance sera appliquée pour les cérémonies prévues ce week-end de la Toussaint, ainsi que pour les déplacements dans les cimetières et les commerces de fleurs. »

J’aime bien les propos clairs. Cette fois, je suis servi. C’est assez inhabituel chez les hommes politiques pour être souligné. Celui-ci ne doit donc pas avoir un avenir assuré dans ce domaine.

Le week-end de Toussaint, c’est plus que la Toussaint. Le dimanche de Toussaint oui, mais le samedi aussi du coup. Il est par conséquent possible de se déplacer sans contrainte pour aller dans les cimetières, n’importe quel cimetière puisqu’il n’est pas fait mention de proches.

Profitons-en !

Au programme :

- Samedi

Le petit cimetière de Laubert, sur la droite de la route en allant vers le nord. Petit, presque intime mais au bord d’une route assez passagère. La porte rouillée grince. Quelques tombes sont fleuries. Un petit tour, juste pour lire quelques noms. C’est suffisant, nous n’avons aucun lien ici. Ensuite, nous n’y pouvons rien, mais un cimetière, tous ces gens qui reposent, l’atmosphère rendant morose, nous devons prendre un peu l’air avant de poursuivre notre route. Une courte sortie en forêt au-dessus du village s’impose. Les vives couleurs d’automne invitent à la balade. Nous montons jusqu’à l’ancienne voie de chemin de fer que nous suivons avant de redescendre au village. Bilan : 6,7 km 3 beaux cèpes, le temps est si beau et l’air si pur que ce serait pécher que de ne pas en profiter.

Notre deuxième étape est Saint-Sauveur-de-Ginestoux, un peu plus au nord. Bien que le village soit bien petit et que l’air soit bon, le cimetière s’agrandit. Un peu en pente devant l’église, aujourd’hui, la vue porte loin. Petit tour à l’intérieur, grand tour à l’extérieur. Cette fois, nous partons en direction des éoliennes au-dessus du Crouzet-Chaffol. Nous nous contentons d’un aller-retour jusqu’à la quatrième. Il n’aurait pas été raisonnable de continuer parce qu’il est déjà tard et que nous avons laissé le casse-croûte dans la voiture.

Casse-croûte au bord d’un chemin voisin.

Après-midi, direction la Villedieu. Montée au col des Trois Sœurs où nous sommes venus mardi dernier, descente dans la vallée de la Truyère, au premier village, nous sommes arrivés. Un petit cimetière de village, nombreuses sont les tombes sur lesquelles ont été fixées des photographies de leurs occupants. Un femme âgée arbore un beau sourire malicieux, l’homme à son côté, son mari ?, semble austère et sa photo, rayée, est passée. Petit tour dans l’église, juste par curiosité, nous y sommes déjà venus, pas de changement notable. Et puis, comme les deux premières fois, une petite rando pour remonter un moral que ces visites n’affectent pas s’impose. Il n’est pas raisonnable d’envisager plus d’un aller-retour sur le chemin le long du ruisseau des Massouses. Nous allons jusqu’à la forêt, à 1,7 km. La vue porte jusqu’au monts du Cantal. Ici, pas plus que ce matin, nous ne voyons âme qui vive. Au printemps, toute cette petite vallée se couvre de l’or des genêts en fleur. Fin octobre, seule la forêt de hêtres, en face, colore le spectacle. Quelques rosés agrémenteront la salade, ce soir.

Nous connaissons bien la route d’Estables parce que nous multiplions les balades dans toutes ces vallées. Ceux qui ont conçu l’extension du cimetière ont vu large. L’ordonnancement des tombes de la partie neuve, toutes bien alignées, brise le beau désordre de la partie ancienne dont les allées tout en coudes et le dédale entre les tombes incitent plus à la découverte. Après notre déjà traditionnel parcours, nous partons en direction du col des Quatre Chemins. D’ici, la chaîne de la Margeride, le Truc de Fortunio et le Signal de Randon barrent la vue vers l’est. Là-haut, les hêtres ont déjà revêtu leur habit d’hiver. Les moins haut ont encore la couleur marron qui a remplacé les verts-jaunes-oranges antérieurs. Au col, un chemin nous amène à la Salassette. Première personne rencontrée aujourd’hui, une dame se promène que le confinement désespère, ses enfants habitent loin et ne pourront pas venir avant le retour à la normale. Notre conversation semble lui faire du bien. Son chien, vieux lui aussi, la regarde, son regard insistant laisse presque transparaître un brin de mélancolie… Retour par la petite route. Ces quelques 4 km et demi ont été très agréables. Les innombrables sorbiers des oiseleurs, couverts de leurs grappes de fruits rouges égaient le paysage.

Il est encore trop tôt pour rentrer, allons jusqu’à Saint-Amans. Ici, l’extension du cimetière est presque pleine. Il leur faudra envisager une extension de l’extension. Mêmes remarques qu’à Estables, nous ne restons pas longtemps et partons pour Bertrèzes par le chemin des champs. De Bertrèzes, un chemin qui rejoint la route d’Estables. Les couleurs des arbres, nombreux et variés, tranchent avec le vert des prairies. Un peu moins poétique, le nouveau radar à l’entrée du village, le modèle en hauteur, ce doit être la première fois que nous passons à pied à côté. Après ces 3,5 km, nous rentrons à la maison.

En haut de la montée à la Baraque de Saltel, une voiture bleue. Ses deux occupants arrêtent les deux voitures devant, pas nous. Nous aurons fait faire une belle sortie à notre chrysanthème en pot.

- Dimanche

Temps gris, cap au sud. Le chrysanthème est du voyage. Champerboux, petit village caussenard. À l’abri de son église, le cimetière attend les visiteurs à l’entrée dans le village. Sans grand intérêt au premier abord, nous en détaillons les noms de famille, le pluriel est à peine indispensable, comme si une grande famille reposait ici. L’entretien des tombes et leur fleurissement sont pour le moins hétéroclites et semblent parfaitement aléatoires. Le nombre de plaques funéraires dépasse l’imaginable. Plus intéressants sont les grands porches d’entrée dans les cours de ferme du village. Deux grosses pierres en arc taillées dans du calcaire local sont maintenues en place par une petite clé de voûte du même matériau. Puis, suivant un petit chemin bordé d’un vieux mur écroulé dans lequel poussent des arbustes, nous poussons jusqu’au premier dolmen. Sa chambre coudée a dû être refaite tant elle est bien visible malgré son âge. Déjà 4,5 km.

La route pour Laval-du-Tarn, petit village caussenard aussi malgré son nom, traverse la Périgouse avant de descendre dans la vallée pour remonter. Comme d’habitude pour nos balades, nous lui préférons la route de Tessonnières que nous prolongeons par un chemin caillouteux jusqu’à Cabrunas. Bien qu’un peu plus clair, le temps ne nous engage pas à aller jusqu’au point de vue sur la gorge. Le cimetière de Laval-du-Tarn, très récent, ne présente guère d’intérêt. Il n’est même pas à côté de l’église, tout se perd ! De grosses tombes bien alignées sur un terrain herbu encore trop grand. Heureusement qu’il a été un peu fleuri. Bref, ce cimetière n’est qu’un prétexte pour faire notre tour. Le voile gris des nuages commence à se rompre laissant place aux premiers rayons de soleil, bonne idée parce que nous allons jusqu’au bout du chemin vers le bord du causse, un des très beaux points de vue sur la gorge, heureusement ni aménagé ni facilement accessible. Contrairement au causse où les couleurs automnales s’envolent avec les feuilles, en bas, le mélange de chênes, d’érables, de peupliers et de bien d’autres essences offre toute la palette des tons dorés et incarnats. Les premiers rayons de soleil font miroiter la rivière. Nous avons bien fait de ne pas oublier le pique-nique dans la voiture ! Retour tranquille par d’autres chemins et six kilomètres et demi de plus.

La Capelle sera notre dernière étape aujourd’hui, nous avons assez marché. Ici aussi, le minuscule cimetière derrière la vieille église a explosé et, dans un petit enclos avoisinant, l’explosion a donné naissance à un rectangle de tombes bien rangées et qu’on dirait normalisées, sans le moindre charme mais rehaussé des couleurs vives de grosses fleurs en matière plastique tout droit venues d’un lointain Orient. Les tombes dépareillées de l’ancien cimetière, l’absence d’allée marquée et son apparent désordre le rendent plus sympathique. Il est donc des cimetières qui atténueraient l’appréhension de la mort ! La forêt est le principal décor de notre dernière balade. Nous allons jusqu’au Mardefré par le chemin le plus à l’est en revenons par celui de l’ouest. Le ciel est maintenant dégagé, c’est plus agréable.

Au total une seule personne rencontrée, une quarantaine de kilomètres à pied dans des lieux variés, plus en voiture, un beau trajet qui a bien profité à notre chrysanthème dont les boutons se sont maintenant tous épanouis. C’est la première fois que nous procédons ainsi, par petits bouts en différents endroits. Ce n’est pas mal non plus bien que ce soit plus fatiguant, mais il faut bien faire en fonction des libertés qu’on nous a laissé, tant qu’il en reste.