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Voyage de 2012

Semaine 1, France, Italie et Slovénie et Croatie

Jeudi 5 avril

route jusque dans la Drôme

Après le repas, sur la toute fin des préparatifs, des voisins viennent nous dire au revoir. Nous fermons la maison à 13 h 51 et partons. Peu de circulation sous un ciel ensoleillé. À partir de Die commence la recherche d’un emplacement pour la nuit. Les parkings du saut de la Drôme sont interdits la nuit, nous obligeant à poursuivre un peu et c’est finalement dans un virage coupé, derrière une glissière de sécurité peu après Beaumont-en-Diois que nous passons la première nuit de ce voyage, une nuit d’un calme absolu si l’on excepte un sanglier qui, manifestement dérangé par notre présence, est passé en grognant sans cesse.


Vendredi 6 avril

de la Drôme jusqu’à Exilles, en Italie

La journée commence bien pour la circulation, il n’y a personne. En ce qui concerne le temps par contre, changement majeur. Le bleu du ciel d’hier puis la pleine lune bien claire ont laissé place à un temps gris. C’est dommage pour le barrage de Serre-Ponçon, le lac est gris, une couleur qui s’accorde bien avec les rives qu’une baisse importante des eaux a découvertes. Plus nous remontons la vallée de la Durance et plus la circulation en sens inverse s’intensifie : des Italiens, des Italiens, des Italiens… qui doivent venir pour le week-end de Pâques, choix judicieux puisque les carburants sont bien moins chers ici que là-bas, tout est relatif. Très nombreux camping-cars. Briançon est devenue une annexe de l’Italie. Quant aux stations-service, elles sont prises d’assaut, on fait la queue pour remplir les réservoirs et des jerricans. Montée à Montgenèvre, pour rien puisque nous n’y trouvons pas de station-service. Retour à Briançon puis Montgenèvre avec un rayon de soleil sur les dernières neiges et passage en Italie. Effectivement, chez nous, nous n’avons pas encore vu le gazole à 1,794, mais patience ! Étant parvenus à éviter l’autoroute, nous continuons par la route qui la suit, tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt plus haut, tantôt en dessous, nous disant que, dans cette vallée étroite et encaissée, réduite encore par la présence de l’autoroute et d’une voie ferrée, nous aurons peut-être du mal à trouver un endroit où passer la nuit. Des maisons en pierre, couvertes de grandes pierres plates carrées, sont blotties les unes contre les autres dans quelques villages accrochés au versant. Tout à coup, en contrebas, apparaît Exilles. Pareil nom était prédestiné ! Un grand terrain plat sépare le village du fort construit sur un point stratégique, une colline qui barre la vallée. S’engager sur la petite route qui descend au village ne nécessite pas d’autre manœuvre que de prendre le large sur la route principale ; par contre, tourner sur la route du fort à l’entrée du village oblige à manœuvrer sur son tout petit parking ; nous n’avons heureusement pas eu à traverser le village, ce qui ne doit pas être possible. Nous sommes au pied de la forteresse. Quelques promeneurs, le vent est froid, depuis quand le soleil est-il caché dans cette vallée profonde ? La nuit va être fraîche et la lune, pourtant pleine, ne la réchauffera pas. Nous sommes bien équipés.


Samedi 7 avril

des Alpes à Pavie (photos)

La partie de ciel visible depuis le fond de la vallée est toute bleue. Bientôt, le soleil illumine le versant au-dessus, il mettra longtemps à atteindre le parking tant la montagne du côté est est haute, nous ne l’attendons pas. Ce matin, visite de l’abbaye bénédictine Sacra di San Michele, un peu avant Turin. La vallée s’élargit rapidement. Le fond, du côté de la frontière, est barré par des montagnes enneigées. J’avais remarqué hier la facilité avec laquelle les chauffeurs italiens prenaient des libertés avec les indications. Ils étaient peu nombreux et la route était très sinueuse. Ici, ils commencent à être plus nombreux et, la vallée le permettant, la route est plus droite. La circulation est plus vive ! Les panneaux de limitation de vitesse, les bandes continues et les zébrures sont de jolies décorations routières donnant l’impression d’appartenir à un monde civilisé sinon policé. Les meilleurs moments pour doubler sont évidemment ceux où la route s’élargit et où s’élargit-elle ? Là où une voie centrale a été aménagée pour permettre de tourner à droite ou à gauche sur une petite route, avec ses zébrures et ses flèches. Les villages s’étirent dans l’axe de la vallée et de la route, on ne va tout de même pas rouler à 50 tout le long ! Tout se passe bien. L’abbaye doit se trouver sur une éminence au bord de la partie droite de la vallée, et voilà que tout à coup à une intersection, un panneau l’indique à gauche. Impossible de s’arrêter, aucun bas-côté ne le permet. Au premier carrefour, en zone mi-agricole mi-résidentielle, je prends à droite et trouve un endroit pour m’arrêter. Selon la carte, c’est bien à droite. Je vois un homme en train de sortir sa Fiat de son jardin, je me précipite avec la carte à défaut de savoir parler. Il arrête sa voiture et le moteur - ce qui est raisonnable au vu du prix de l’essence - traverse la rue avec moi pour me montrer au loin sur la droite la silhouette de l’ensemble. Selon ce que je comprends, je dois faire demi-tour, traverser quelques villages dont les noms défilent à toute vitesse puis tourner à droite à Avigliana et plein d’autres choses encore. C’est vrai que je ne parle pas du tout italien, mes connaissances se limitant à bonjour - que j’ai utilisé tout de suite -, merci, ciao, oui et non, mais la compréhension doit beaucoup au caractère latin de la langue d’où une certaine proximité avec la nôtre et surtout à la gestuelle qui l’accompagne. Forts de tout cela, nous repartons pour constater que, plus loin, la direction est très bien indiquée. La montée à l’abbaye est une petite route d’une voie et demie de large comme nous en avons plein chez nous, toute sinueuse dans une forêt dont les arbres commencent à déployer leurs petites feuilles vert tendre. Arrivés tôt, nous avons droit à la première place du parking, celle dont on extrait facilement un camping-car si ce n’est qu’en Italie on invente ensuite des places à sa convenance, je généralise un peu vite et ai peut-être tort, mais c’est tellement conforme au déroulement ! Et de toutes façons, aucun problème, il se trouvera bien un ou deux chauffeurs pour conseiller les manœuvres. L’abbaye est bâtie sur un piton rocheux à 800 m de là. Le site est extraordinaire. Les escaliers s’enchaînent les uns à la suite des autres pour arriver à l’église perchée tout en haut et à sa terrasse. Le ciel est bleu mais des nuages montent de la basse vallée et passent à vive allure, enveloppant l’ensemble chaque minute. C’est donc entre eux que nous découvrons le panorama vers l’amont, depuis la ville d’Avigliana dans la plaine au pied du site jusqu’aux sommets enneigés. Vers l’aval, Turin, invisible à cause des nuages. De l’ensemble, le grand escalier appuyé sur le rocher et l’église sont en bon état, avec de beaux chapiteaux et de belles peintures. Peu de monde, parfois pas du tout, sauf en redescendant. Des groupes commencent à arriver. La visite se termine par celle d’une exposition de photos consacrée à l’abbaye. Le ou les photographes qui ont eu le temps de jouer avec les éclairages naturels et artificiels ont dû utiliser un matériel haut de gamme. Les prises de vue et les panoramas sont à couper le souffle, dommage que de nombreux rendus soient forcés à l’informatique. Il n’en reste pas moins bien des photos qu’on aimerait avoir faites. À part la dame qui se trouve à l’entrée et qui doit s’ennuyer, nous sommes seuls. Au dehors, les nuages sont moins omniprésents, nous remontons à l’église profiter de l’éclairage du soleil sur les sculptures extérieures. Retour au camping-car, le parking est quasiment plein et les étals de produits divers ont pris place au bas du chemin.

Pour la descente, nous optons pour la seconde route, en théorie la seule possible puisque la route que nous avons empruntée à la montée est limitée à 2 m de largeur (il n’y avait pas d’autre indication à la montée que des interdictions aux camions, aux bus et aux véhicules longs). À cette heure-là, le versant sud est bien ensoleillé, d’autant plus qu’il est moins boisé. Descente longue et sinueuse. En bas, nombreux ronds-points et, à l’un d’eux, la direction de Turin m’ayant échappé ou étant absente, nous voilà sur des routes de campagne à improviser un circuit ramenant à Turin. Heureusement, le pâle soleil qui traverse les nuages donne la direction. Profitant ensuite d’un arrêt dans un village, nous rectifions le cap. Samedi, presque midi, entrée dans les faubourgs de Turin. Il nous faut du pain. Une longue avenue rectiligne bordée de centres commerciaux et autres concessions automobiles nous permettra bien d’en trouver. Les allées et les places de parking sont bien plus petites que chez nous, trop petites pour espérer s’y déplacer et s’y garer en camping-car. Il reste les places centrales, entre les deux parties de l’avenue. Au second tour, nous trouvons l’entrée et une bonne place. Une bonne place est une place du bout où l’on est soit premier soit dernier de façon à en ressortir en un minimum de manœuvres. Une très bonne place, c’est pareil mais sur deux emplacements d’un bout. Le luxe est le stationnement en long sur des places en épi. Bref, vu l’affluence, c’est limité à une bonne place et il faut aller acheter du pain. Et puisque nous tenons une place, on prolonge par le déjeuner. Ensuite, c’est compliqué : nous voyageons par la route et sortir d’une ville d’une certaine importance tout en cherchant au milieu des échangeurs fait penser au jeu de mikado. Il s’agit de plus ici de trouver la route de Milan ! Nous y parvenons sans trop de demi-tours, merci aux ronds-points qui les facilitent, c’est nettement plus difficile à la campagne où il n’y a presque jamais de bas-côtés dans cette région.

Plus loin, nous mettons le cap à l’est en direction de Pavie. Petit à petit, la vallée s’est élargie et, au bout d’un moment, plus aucune colline ne dépasse de la plaine. Sans les rangées de peupliers, le regard porterait loin. Le paysage se limite à des champs des deux côtés, des ronds-points à l’approche et à la fin des villes, des supermarchés, des contournements et des lignes droites. Contrairement à ce que nous avions envisagé, au lieu de viser directement la Chartreuse de Pavie, pour gagner du temps, nous avons décidé de passer par Pavie. Pal mal de circulation à l’approche de la ville et en ville. Aucun problème pour y entrer mais nous ne trouvons pas la sortie cherchée. Comme il est impossible de s’arrêter, nous sortons, mais la direction n’est pas bonne. Le premier endroit où s’arrêter est le terminus d’une ligne de bus. Coup d’œil à la carte qui ne nous est d’aucune aide, ni pour trouver le lieu ni a fortiori pour trouver la route à emprunter. Par contre, le chauffeur d’un bus qui tuait le temps au téléphone nous explique comment faire et c’est bon ! À la Chartreuse, un seul parking, cher, mais il est possible d’y rester pour la nuit. Vite, à la Chartreuse, nous ne savons pas si elle ferme et si oui, à quelle heure. Nous avons le temps de visiter, lire le guide et, bien sûr, comme tout le monde, faire des photos partout, bravant en cela l’interdiction. À l’heure prescrite, arrive le Père videur qui met rapidement et avec efficacité les visiteurs dehors avant de fermer les portes, on sent l’expérience. Nous terminons la visite en longeant la façade avant puis retour à notre parking-camping. Nous sommes trente-trois camping-cars, les derniers arrivés après la tombée de la nuit, mais le parking est assez vaste pour que des familles installent des fauteuils et que d’autres jouent au ballon. Le fort vent froid a raison des plus téméraires. Un fait curieux mérite d’être signalé : malgré l’affluence, les toilettes sont fermées au départ du gardien vers 18 h !


Dimanche 8 avril

de Pavie à Mantoue (photos)

Nous sommes devant le portail de la Chartreuse pour son ouverture, mais c’est dimanche, dimanche de Pâques qui plus est, une messe sera dite. De fait, l’accès est limité bien que la cérémonie n’ait pas lieu dans l’église principale. Comme nous avions pu le noter, les Italiens sont élégamment vêtus… ce qui ne les empêche pas d’arriver en retard à la messe. Ce matin, le temps est gris et, comme chacun sait, le meilleur moment pour admirer la façade d’une église, de quelque rang qu’elle soit, est l’après-midi, nous allons donc plutôt à l’intérieur.

Retour au parking et départ pour Crémone. Peu à dire de la route, assez semblable à celle de la veille en plus gris. Si le dimanche a l’inconvénient d’être un jour à l’activité réduite, encore que les Italiens aiment à déambuler en ville ou prendre du temps au café, cela a pour conséquence une certaine facilité à circuler en ville et à s’y garer, et, de plus, gratuitement. Les centres-villes sont indiqués. L’arrivée à destination se reconnaît à l’absence de panneau l’indiquant et à l’architecture. Centre-ville, oui, mais où exactement ? De nouveau, j’attends, un plan à la main, un passant pour le savoir. C’est une passante, elle regarde le plan en tout sens, mais ne s’y retrouvant pas, elle finit par me demander où je veux aller. Réponse facile : duomo, la cathédrale, ça marche dans toutes les villes ! Et aussitôt, elle explique par où passer, avec les noms des rues, que je trouve immédiatement sur le plan. Quelques petites rues plus loin, nous sommes sur la place de la cathédrale où le soleil paraît de temps à autre et illumine le campanile. Évidemment, il y a une messe et nous devons en attendre la fin pour cette visite-là. Quant au campanile, il est fermé pour le week-end pascal. Le tour que nous faisons dans le centre révèle une grande abondance de luthiers. Nous savions être dans la ville des Stradivarius, mais nous ne nous attendions pas à voir tant de violons. Le mobilier urbain en est le reflet aussi avec une statue de Stradivarius, un violoniste… les magasins ne sont pas en reste. La sortie de personnes endimanchées de la cathédrale marque la fin de la messe. La visite est cependant de courte durée : on ferme !

Après Crémone, visite de Mantoue qui se trouve aussi sur la route. Le paysage change peu, les cultures un peu plus, cultures maraîchères, rizières, céréales… Le temps ne s’arrange pas, le soleil a disparu et le ciel a viré au gris foncé. D’ailleurs c’est sous une bonne averse de grêle que nous arrivons à destination. Ayant trouvé une place sans difficulté, nous visitons le château qui présente le double avantage de posséder des tableaux superbes et de nous procurer un abri. Après une visite exhaustive, nous retrouvons nos sacs à dos et notre parapluie devenu maintenant inutile mais qui n’a pas eu l’idée de sécher pendant son séjour à la consigne et partons à la découverte du reste qui n’est pas mal du tout, dommage que le ciel ne soit pas à la hauteur. Nous terminons par une vue de l’ensemble depuis le pont où le vent et la pluie ont décidé de nous accompagner. Une marche arrière sans aucune visibilité, ni à droite, ni à gauche, pour sortir sur la voie de dégagement, en se disant qu’il s’en trouvera bien deux qui n’auront pas envie d’abîmer leur belle voiture et nous laisseront passer. Nous voilà repartis, cette fois à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Il est hors de question de reprendre la route, il n’y a ni espace de dégagement, ni parking. Ce doit être avant de quitter la ville. Justement, un parking est indiqué au bord de la rivière-lac mais, manque de chance, il est limité en hauteur. Finalement, vers les dernières maisons, nous trouvons le parking tout neuf d’un supermarché tout neuf. Quatre places pour nous, aucune autre voiture, c’est parfait, de plus le temps s’est éclairci. La chute de la température en est la conséquence immédiate, aucune importance. Nuit parfaitement calme.


Lundi 9 avril

de Mantoue à Venise (photos)

Ce matin, nous sommes toujours aussi seuls qu’hier soir. Sans surprise, la nuit ayant été fraîche, le temps est clair. Il invite à prendre la route de Padoue et, cela tombe bien, c’est là que nous allons. Les deux voies étroites de la chaussée et la circulation rendent vain tout espoir de dépassement. Ce n’est pas grave, nous sommes là pour voir au passage, pas pour faire des performances. La route qui ne comporte pas de bas-côté est presque tout du long bordée de deux canaux profonds, une configuration qui ne tolère aucune faute d’attention. D’ailleurs, un semi-remorque a versé. Une pause, le temps que les grues passent et que les autorités organisent la circulation.

À Padoue, nous prenons tout naturellement la direction du centre et suivons des remparts sur la gauche. Une grosse église passe. Plus loin, nous prenons à gauche et plus loin encore, l’avenue oblique à droite avec des directions extérieures. Nous avons dû aller trop loin, le demi-tour s’impose. Nous reprenons la même avenue en sens inverse. Cette fois, nous ne devons pas aller trop loin ! C’est pourquoi, à un moment, nous prenons à droite. La rue débouche sur une grande place avec une pièce d’eau en forme d’anneau ovale. En continuant, nous voyons de la place dans les petites rues qui débouchent des deux côtés, mais soit elles sont en sens interdit, soit elles sont petites et risquent de nous mener vers des ruelles du centre-ville. À un feu, nous prenons à droite et retrouvons des remparts, sur notre droite. Le parking est gratuit et il y a de la place. Trouver une place, c’est bien, mais savoir en plus où nous sommes ou bien si nous sommes loin du centre serait mieux. Peu de passants, quelques piétons et quelques cyclistes. Le plan du guide à la main, je descends et fais signe à un couple de jeunes à vélo. Ils s’arrêtent. Leur montrant le plan, je leur demande où nous sommes. Ils parlent anglais et répondent « à Padoue »  ! Ça va, nous savions. Ils finissent par localiser le lieu sur le plan. C’est très bien, nous y restons. Aujourd’hui, lundi de Pâques, presque tout est fermé. Nous visitons ce que nous pouvons le guide à la main. Nous allons jusqu’à la chapelle des Scrovegni pour apprendre qu’elle ouvre à 18 h 30 ! À l’église des Ermites, on ferme ! Les horaires italiens ont quelque chose d’incompréhensible qui pimente les visites. Ce sont les seules visites dans cette partie de la ville. Dans un autre quartier, non loin, il reste l’église du Saint. Elle est ouverte. On s’y presse, il y a même des groupes. À l’intérieur, sur la gauche, se trouve le monument-tombeau de Saint Antoine, on fait presque la queue pour passer derrière où, en hauteur, il faut passer la main sur une plaque de marbre vert. À l’extérieur, tant sur la place que dans la Via Belludi, les kiosques de souvenirs et de gâteaux se succèdent sans interruption. Cette rue conduit à une place sur laquelle se trouvent un jardin et le bassin annulaire que nous avions vu en passant. Plusieurs ponts enjambent le bassin. Autour de la place, belles façades ouvragées. Le jardin semble être un lieu de réunion et de rencontre prisé. On s’y promène en famille, on bavarde, on pique-nique au soleil réapparu… Il reste à retourner par la Via Alberto Cavaletto que nous avons parcourue à la recherche d’un stationnement.

La nouvelle destination est Venise. Sortir de Padoue est difficile pour qui ne veut pas prendre l’autoroute, les changements de voie ou de direction se suivent sans arrêt. Nous finissons par y arriver en trouvant notre route au beau milieu d’échangeurs et de routes à quatre voies. Elle longe le fleuve Riviera del Brenta qui ressemble à un canal tant il est paisible. Il traverse de nombreuses petites villes avec leurs pavillons, leurs belles demeures, leurs jardins, c’est agréable. Nous n’allons pas vite, on se promène. Tout change à l’arrivée sur la lagune de Venise. Après ce cadre bucolique revient un système routier et autoroutier. Comme nous allons au nord de la lagune, il suffit de suivre les indications pour l’aéroport et aucune bretelle d’échangeur ne pose problème malgré la complexité du parcours. Au-delà de l’aéroport, nous retrouvons une route, la circulation en sens inverse y est intense, tout ceux qui sont allés passer le long week-end à la mer rentrent, longue file ininterrompue avec de très nombreux camping-cars. Nous nous disons que si nous étions arrivés plus tôt, nous aurions peut-être eu du mal à trouver une place tant il y a de monde. Les bouchons, en sens inverse, sont fréquents. La route contourne la lagune par le nord. Nous allons jusqu’au bout, à Punta Sabbioni, et, là, au camping. La dernière partie de route, toute bordée de pins, est assez jolie. La mer, à gauche, n’est pas visible, la lagune, à droite, non plus. Au bout, les parkings sont nombreux, les rabatteurs qui avancent au milieu de la rue pour solliciter les clients demandent 10 euros pour 24 h. Nous tournons à gauche le long de la mer enfin visible mais largement bordée de chantiers. Au passage, nous avons repéré le départ des vaporetti. 700 m plus loin se trouve le camping repéré sur internet. La qualité de l’accueil, en français, est à souligner. Ce sera 25 euros par nuit, payables en liquide au départ. À la réception, on nous remet une enveloppe contenant tous les documents nécessaires, de la couleur des poubelles pour le tri sélectif, bien plus compliqué que chez nous, au règlement intérieur et aux entrées dans les principaux sites touristiques de Venise. À la place 39, nous avons des voisins. Le temps est beau mais une petite bise fraîche souffle. Arrêtés assez tôt, nous avons le temps de faire le point, d’utiliser les douches, l’eau y est bien chaude, mais pas l’air, et de préparer les visites de demain.


Mardi 10 avril

Venise (photos)

Comptant prendre le vaporetto de la ligne 15 à 7 h 59, nous nous levons tôt. Le camping est à 700 m de l’embarcadère et nous avons acheté nos billets hier soir. En partant à 7 h 35, nous sommes un peu en avance. À cette heure-là, les touristes sont encore rares, les passagers sont presque tous des Italiens qui partent au travail comme le montrent leurs habitudes : retrouvailles entre amis ou collègues, ce qui n’est pas forcément contradictoire, lecture du journal pour d’autres, fin de nuit pour les couche-tard. Surmonté d’une barre nuageuse, le soleil brille à l’horizon. Une mer d’huile et peu de vent, tout ce qu’il faut pour arriver vite et en forme. Nous laissons les travailleurs s’échapper chacun dans sa direction et posons le pied tout près de la place Saint-Marc vers laquelle nous nous dirigeons. Tout est calme, peu de passants. Bien rangées le long du quai, les gondoles se reposent encore, couvertes de leurs toiles bleues de protection. Premiers canaux, dont le Rio del Palazzo qu’enjambe le fameux Pont des Soupirs. Le soleil est encore un peu bas pour en profiter pleinement, nous y repasserons.

Après un grand tour de la place, nous allons visiter le Palais des Doges qui donne l’occasion de voir le Pont des Soupirs de l’intérieur. Les kiosques de souvenirs ont fini de s’installer, le nombre de touristes a atteint son régime de croisière, les queues pour les visites s’allongent - beaucoup de Français, il doit y avoir des congés dans quelques zones -, une demi-heure pour entrer dans la basilique. Il est interdit de photographier, mais la foule est telle qu’il serait vain de chercher à mettre l’interdiction en œuvre, tout le monde mitraille tout. Malgré la foule, nous passons un bon moment au Pala d’Oro avant d’entreprendre une nouvelle attente pour la montée au campanile. La queue n’avance pas vite, mais les points hauts donnant souvent de bons aperçus des lieux, nous persistons. De fait, le spectacle ne fait pas regretter l’attente, nous ne pouvons cependant pas traîner parce que le soleil ne parvient pas à compenser le froid apporté par le vent qui s’est levé. Il ne serait pas honnête de ne pas mentionner les coûts : tout est cher, voire très cher. Nous cassons la croûte assis sur une pile de « trottoirs » en attente de la prochaine montée des eaux. Un couple de mariés vient pour faire des photos, la mariée, épaules dégagées et dos nu, doit être gelée, mais que ne ferait-on pas un tel jour !

Notre ticket le permettant, nous prenons un vaporetto sur le Grand Canal jusqu’à Ca’ d’Oro. Les vues que l’on découvre sont vraiment très belles. Je trouve qu’on apprécie presque mieux les constructions et les palais du bateau dans la mesure où l’on est moins pressé par la foule. Le fait de changer de rive à chaque arrêt et les coudes du Grand Canal faisant varier les éclairages rendent le trajet plus intéressant. Après un petit tour dans le quartier, nous reprenons le vaporetto en sens inverse pour aller au Ponte dell’Accademia et visiter l’Académie. C’est le même vaporetto qui nous conduit dans le quartier de Santa Maria dei Frari. Balade dans le quartier, partagé entre ruelles étroites et calmes sur lesquelles donnent de petits immeubles d’habitation et des rues plus larges dévolues au tourisme avec leurs magasins de souvenirs ou de restauration plus ou moins rapide. L’ensemble forme une sorte de labyrinthe avec ses voies sans issue ou sans autre issue qu’un minuscule quai, ses virages à 90°, ses retours en arrière, ses trouées qui cachent un petit canal… C’est amusant et pittoresque mais on finit par parcourir une belle distance. Derrière sa façade en brique, l’église Santa Maria dei Frari est très grande. Comme ailleurs, la photo est interdite ce qui n’empêche personne d’immortaliser des poses devant les monuments funéraires, ceux d’Antonio Canova et du Titien sont les plus prisés. Nous traversons le Grand Canal avec notre vaporetto et nous retournons à pied jusqu’à la place Saint-Marc. Le soleil, maintenant bas, est masqué par des nuages, les touristes commencent à se faire plus rares, les magasins et restaurants de la place s’illuminent les uns après les autres. Ne nous étant pratiquement pas arrêtés de la journée, nous retournons vers l’embarcadère de la ligne 15 pour rentrer au camping. Le prochain départ est pour 19 h 45, dans 25 minutes, un peu fatigués, nous nous asseyons et attendons. Le ciel a eu beau tourner au gris, la lagune est restée aussi calme que le matin. Le retour est plus rapide que l’aller, c’est en seulement 25 minutes que nous regagnons Punta Sabbioni et, là, notre camping. Ce n’est que maintenant que nous nous rendons compte de la présence d’un parking pour les camping-cars juste avant, moins beau mais sept euros moins cher.


Mercredi 11 avril

de Venise (Italie) à Vrsar (Croatie) (photos)

Comme le beau temps est bien tombé hier ! Aujourd’hui, ciel gris, bas et vent frais du nord, des conditions qui auraient tout changé aux visites. Nous profitons du camping pour vidanger le camping-car, faire le plein d’eau… Une fois la note réglée, nous partons. La route consiste à reprendre celle qui nous a amenés ici dans l’autre sens jusqu’à Jesolo. La belle allée de pins est grise et triste comme le reste. Ce que nous voyons du lointain au travers du pare-brise est encore plus sombre qu’au-dessus de nos têtes. Nous ne ferons pas beaucoup de tourisme ! Nous suivons une route de campagne sans doute pas intéressante, des champs tout plats. La pluie arrive, par intermittence, balayée par un fort vent du nord. Des villages puis des villes passent, mais rien n’est joli avec ce temps. À mi-chemin pour Trieste, nous rattrapons la route principale où le seul changement perceptible est la densité de véhicules qui augmente un peu. À Trieste, nous prenons quelques litres de gazole, juste ce qu’il faut pour atteindre une station en Croatie sans problème.

À la sortie de la ville, nous prenons l’autoroute parce qu’il n’y a pas d’autre issue visible. Ce n’est pas grave, il ne reste que cinq ou six kilomètres pour arriver en Slovénie. Par contre, une fois la frontière passée, nous devons impérativement la quitter faute de vignette. En raison du coût, nous ne comptons y rester qu’une heure, pas assez pour investir et rentabiliser son achat. Dans les pays de l’ex-Yougoslavie, on roule en feux de croisement tout le temps, mais aujourd’hui, le ciel est si gris que c’est tout naturel. Au niveau de la frontière, marquée par d’anciens bâtiments pas encore démontés, je tente de quitter l’autoroute à droite, cela finit sur un parking sans issue. La seconde tentative, quelques mètres plus loin est la bonne, il n’y a pas un panneau indicateur, nous les découvrons un petit kilomètre plus loin, au premier rond-point. Nous avons l’intention de suivre un bout de côte de l’Istrie, en Croatie. La direction que nous prenons maintenant est celle du centre de l’Istrie, mais je n’ai pas réussi à faire mieux. Le début est champêtre et le temps un peu plus clair. La suite se fait en terrain calcaire dans des forêts de petits chênes où le temps gris sombre s’est réinstallé. C’est d’ailleurs au beau milieu d’une de ces forêts que nous tombons sur la frontière sloveno-croate. On ne nous demande rien, rien à signaler.

Nous continuons vers Buzet et y cherchons une station-service. Le gazole coûte 10,19 kuna le litre, mais aucune idée du cours de la kuna ! Le verdict d’internet, avant le départ, avait été : il est moins cher qu’en Italie, ce qui n’est pas un exploit. La première question est toujours de savoir si le paiement par carte est possible, même lorsque son logo est affiché, parce que bien sûr, nous n’avons pas un sou en kuna. La petite ville, au début construite sur une colline, la déborde un peu. Maintenant que nous sommes plutôt au centre de l’Istrie, il faut partir vers l’ouest pour retrouver la côte. Bien que la région possède des lieux touristiques comme Motovun, nous passons. Notons que la présence de policiers est signalée par des appels de phares. Ils sont peu nombreux sur cette route de campagne, mais les autorités leur ont facilité la tâche de contrôle de vitesse en la limitant de façon drastique pour peu, 40 pour un virage… et en ne posant pas tous les panneaux de fin de limite qu’il faudrait. Aller à Poreč oblige à changer de route deux fois de suite. Les traces de ravinement sont de plus en plus prononcées à l’approche de la mer. Il pleut à verse.

En arrivant à Poreč, un panneau indique hôtel, camping, etc. Nous allons voir. Même si l’on ne fait pas plus de quelques pas, le parapluie est de mise. L’occupant du local doit s’ennuyer et ne recevoir aucune visite. Il s’occupe de réservation d’hôtels, pas de camping, disant simplement que les campings se trouvent le long de la côte. Il nous donne la météo des jours à venir, rien de réjouissant en vue. La pluie passe un peu, nous avançons vers le sud, à la recherche d’un camping. Dans ce pays, le camping est obligatoire, le montant de l’amende pour camping-sauvage est dissuasif. Nous irons donc au camping bien que nous n’ayons besoin de rien.

Après plusieurs campings fermés - la saison n’a pas démarré - nous finissons par en trouver un juste avant Vrsar. La place qui nous est attribuée est si détrempée que j’ai du mal à ne pas embourber le camping-car, j’en ressors vite et vais en demander une autre, le camping est quasiment vide. Le choix est difficile, le terrain est le même partout. En bout d’allée, c’est un peu mieux. En fin d’après-midi, nous profitons de l’accalmie, du parc et du bord de la mer pour aller faire une promenade. Le soir, une trouée au-dessus de l’horizon laisse passer le soleil, nous ne l’avions pas vu depuis mardi.

Suite du voyage de 2012

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