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Voyage de 2012

Semaine 11, Bulgarie, Serbie, Hongrie et Autriche

Jeudi 14 juin

de Brnjica (Брњица) à Subotica (Суботица) (Bulgarie) (photos)

Il a un peu plu cette nuit et, ce matin, le Danube a adopté la couleur grise du ciel. Le détroit des Portes de Fer continue encore sur quelques kilomètres, il se termine peu avant Golubac (Гулобац) où les montagnes s’aplanissent et où le Danube qui a plusieurs kilomètres de largeur contourne une île. Il se termine aussi par le passage de la route dans la forteresse de Golubački Grad (Голубачки Град) qui a été construite pour surveiller l’approche du défilé. Elle ferme le passage et oblige à la traverser, la route passe ainsi par deux portes médiévales. Malgré la grisaille matinale, nous nous arrêtons pour aller au bord de l’eau puis voir arriver et se faufiler un gros camion avec une grosse remorque dont le gabarit est inférieur au chas de quelques centimètres, cela lui prend plus d’un quart d’heure. Fin du défilé, fin du temps gris, le ciel se dégage.

La route quitte le rivage. La campagne se couvre de petits champs de fourrage, de maïs ou de céréales entre de petits bosquets. Les villages puis les villes sont de plus en plus animés et commerçants. En évitant l’autoroute, nous arrivons à Belgrade (Београд) par une petite route de campagne entre collines cultivées, villages et Danube. Les villages sont construits de grosses maisons riches, sans doute lieux de résidence de la classe aisée de la capitale. La direction de notre petite route est excellente, non seulement elle fait passer par le centre mais en plus, elle correspond à la direction de la sortie. Nous n’avons pas l’intention de nous arrêter et cela tombe bien parce que nous ne voyons pas une place à la taille du camping-car ! Les avenues sont vivantes avec de la circulation et pas mal de piétons. Nous quittons la ville après le passage de la Save (Сава) et le tour d’une forteresse. Pour aller à Novi Sad (Нови Сад), nous prenons une petite route, c’est-à-dire la route et non l’autoroute. Elle traverse des villes, grandes ou petites, ces dernières ont l’architecture austro-hongroise avec des enfilades de maisons colorées souvent basses et des fossés latéraux profonds, comme en Hongrie. Le paysage est maintenant tout à fait plat, couvert d’un quadrillage de champs allongés. Une petite station-service, nous faisons le plein après nous être assurés, comme d’habitude, que le paiement par carte était possible. Possible, c’est possible, à condition que la carte veuille bien passer ce qui n’est pas le cas malgré les multiples essais. Ayant changé le strict minimum à la frontière, nous n’avons presque pas d’argent liquide, pas assez pour payer. Je demande aux pompistes - ils parlent anglais - s’il y a un distributeur quelque part dans le village. Oui, à la poste, à deux cents mètres dans la rue à droite. Il ne reste plus qu’à trouver la poste. Après une bonne distance parcourue, n’ayant toujours rien vu qui ressemblait à un bureau de poste, je me lance et demande à deux hommes qui bavardent. Je ne sais pas un mot de serbe, mais c’est une langue slave et il en est d’autres dans lesquelles le mot počta est le bon. Premier essai donc, on semble avoir compris et on me fait signe de retourner en arrière. Second essai plus loin, je dois continuer à revenir. Je serais donc passé devant sans m’en rendre compte, un bureau de poste serbe est-il facilement identifiable ou serait-il à l’intérieur d’un commerce comme cela arrive dans de nombreux pays ? Je retourne en scrutant tout au passage. Je suis bien passé devant, mais n’avais pas regardé là, les pompistes avaient dit à droite et il est à gauche ! Tout va bien, la carte est acceptée sans problème, je retire juste ce qu’il faut. Comme pour Belgrade, nous passons dans la ville à Novi Sad, grandes avenues, rive du Danube…

Ensuite, nous prenons l’autoroute, le but étant d’aller aussi près de la frontière que possible de façon à franchir la Hongrie demain d’une traite. Tiens un péage sur l’autoroute, heureusement, nous avons de quoi payer ! Autant dire qu’il ne reste pas grand chose. Une station-service avec une aire vers Subotica, c’est parfait. L’aire n’est pas fermée et sert de sortie sauvage à de nombreux automobilistes des villages alentour qui passent les deux gros panneaux sens interdit sans ralentir. Nous nous installons sur le bord de l’aire de stationnement des poids lourds et allons visiter les lieux. Sans argent, nous ne faisons pas de folie !


Vendredi 15 juin

de Subotica (Суботица) (Serbie) à Vienne (Wien) (Autriche)

Aucun camion frigorifique n’est venu se garer sur le parking, nous avons bien dormi. Le soleil brille, le ciel est parfaitement pur. Il est encore tôt. Surprise en descendant du lit : le rideau qui sépare l’avant de la partie camping-car proprement dite est un peu ouvert. En regardant par l’ouverture, nous constatons que la boîte à gants est ouverte puis que la porte avant-droite est entrebâillée. Comme nous y faisons très attention le soir en nous couchant, la conclusion est immédiate : nous avons reçu de la visite pendant la nuit. Un travail très propre, beaucoup de professionnalisme, rien n’est endommagé, la serrure n’a pas été forcée mais ouverte avec les outils adéquats ! Si tout est resté ouvert, c’est certainement par souci de discrétion, la fermeture de la porte nous aurait réveillés. Nous ne laissons absolument rien d’important à l’avant, rien n’a été pris, pas même l’autoradio. Le rideau entrouvert laisse penser que notre visiteur a regardé à l’arrière, pas bête, s’il n’y a rien devant, il doit y avoir quelque chose derrière ! Mais nous rangeons, rien ne traîne, les sacs avec les papiers et l’argent, le matériel photo, tout est dans le placard. Son accès est difficile : l’entrée de l’habitacle est barrée par notre échelle d’accès au lit et il faut la retirer complètement pour ouvrir la porte du placard, des manoeuvres qui nous auraient réveillés aussi. Nous savons bien que des spécialistes du vol dans des camping-cars introduisent un somnifère dans le système de ventilation pour agir ensuite à leur guise, mais nous ne ressentons rien. Cela n’a pas dû être le cas. De plus, si nous avions été endormis de force, le voleur aurait déplacé l’échelle et serait rentré chez nous. C’était un professionnel de l’intrusion, mais, heureusement, pas plus. Curieuse impression toutefois. Toujours est-il qu’il a contribué à nous faire lever vite !

C’est ainsi que nous sommes prêts de bonne heure. Il reste quelques billets serbes que nous donnons en échange de trois litres de gazole. J’en profite pour informer le pompiste de la visite nocturne, il est toujours bon que cela se sache à défaut de pouvoir faire plus, et apprends qu’une toute petite partie du parking est sous vidéo surveillance, pas celle où nous nous trouvions. Les quinze kilomètres nous séparant de la frontière sont vite parcourus. Nouvelle entrée dans l’espace de Shengen, nous passons vite, le temps qu’une policière vienne constater que personne d’autre ne se trouve à bord, et nous nous arrêtons au kiosque de vente de la vignette hongroise. Contrairement à ce que nous avions lu sur le site officiel hongrois qui lui est consacré, il n’existe pas, dans notre catégorie, de tarif à la journée, le minimum est de dix jours, et c’est à peine plus cher.

Hongrie Comme nous le souhaitions, nous voilà partis pour une traversée rapide du pays. Le temps est superbe, l’air encore frais et la circulation peu dense, d’excellentes conditions pour avancer. Avancer ne signifie pas rouler vite, qui veut aller loin ménage sa monture, la vitesse des camions, quatre-vingts quatre-vingt-dix kilomètres heure, nous convient. Si au début, le paysage ressemble beaucoup à celui du nord de la Serbie, une grande plaine cultivée avec des champs plus grands, il change ensuite et nous retrouvons la fameuse Puszta, steppe hongroise que nous avions traversée en tous sens il y bien des années. Plus on avance vers le nord, plus la circulation s’intensifie, la capitale approche. Nous la contournons par le sud-ouest et gagnons l’autoroute de l’ouest en direction de Vienne. Le relief est plus marqué avec des collines vers Tatabanya. Cette ville me renvoie des années en arrière, elle avait été l’un de mes premiers arrêts lors de mon premier voyage à l’est en 1976. Elle s’est radicalement transformée. Aux deux tiers de ce trajet, arrêt. Une pause plus longue que d’habitude parce que nous nous sommes levés tôt. Durant toute la durée de l’arrêt, nous observons des policiers arrêtant des voitures, demandant des papiers, contrôlant des coffres… Les voitures doivent être arrêtées sur l’autoroute par d’autres policiers et conduites ici, un peu en retrait. Vu la durée de l’opération, elle doit être de grande envergure. Nous sommes garés à contresens en long sur les places en épi, mais personne ne s’en soucie, d’ailleurs les policiers garent leurs voitures de la même façon ! Ce manège laisse perplexe : que cherchent-ils ? Ils doivent vérifier les vignettes, un simple reçu, comme un ticket de caisse, rien sur le pare-brise, mais cela n’explique ni l’ouverture des coffres ni la descente des occupants. Bizarre. Et s’ils cherchaient de la drogue ? Et si notre visiteur nocturne, au lieu de chercher à nous voler était venu déposer un précieux emballage ? Ne sommes-nous pas sur une route qui peut venir de loin en Orient ? Un camping-car ne passe-t-il pas les frontières facilement tant on sait que ses occupants sont des touristes plus occupés à visiter et faire des photos qu’à trafiquer ? Bref, nous finissons par repartir sans avoir la curiosité de savoir si nous sommes des convoyeurs involontaires. Pour cette autoroute, le phénomène est à l’inverse du précédent, la circulation est d’autant moindre que nous nous éloignons. La plupart des camions prennent la route de la Slovaquie, les frais doivent être plus faibles là-bas. Les champs sont immenses, sans changement semble-t-il depuis le régime communiste. Plus de frontière à l’endroit où se déroulait jadis le rideau de fer avec ses miradors et son large no man’s land. Il reste à trouver le kiosque de vente de la vignette autrichienne et nous partons en direction de Vienne. Je ne sais pas d’où sortent toutes ces voitures, il n’y avait personne à la frontière, mais nous retrouvons une circulation de proximité de grande ville. Nous n’allons pas à Vienne-même mais dans la banlieue sud et les sites d’itinéraires sur internet avaient indiqué une sortie à Schwechat pour continuer par des voies rapides dont j’avais noté les numéros et les directions. Tout a bien fonctionné jusqu’à ce que le numéro de notre route laisse place à un autre non prévu. La suite a été une navigation en fonction des panneaux indicateurs et de mes souvenirs de la région, autant dire que nous ne sommes pas allés droit au but, mais que nous ne nous sommes pas trop mal débrouillés, ne demandant notre route qu’une fois. Un appel téléphonique à nos amis nous a permis de retrouver le trajet sur les derniers kilomètres.

Trois jours d’amitié pure nous attendent.


Dimanche 17 juin

Deux jours plus tard, nous avons enfin eu la curiosité de chercher un colis suspect à bord, en vain !


Lundi 18 juin

Vienne (Autriche) (photos)

Aujourd’hui, sortie à Vienne. Question : qu’aller voir ? Deux années passées dans la capitale autrichienne puis de nombreux retours rendent le choix difficile. Allons-y, nous verrons après. Nous partons accompagnés jusqu’au Naschmarkt, nos amis devant y faire des courses. Je peux en mesurer l’évolution. C’était un marché, un peu comme un marché paysan bien que ceux-ci n’y aient pas été seuls. De petits kiosques, bien rangés sur les deux côtés de deux lignes parallèles, posés sur la rivière qui donne son nom à la ville et qui, invisible, coule dessous. On y trouvait des fruits et légumes de saison, un peu de viande et de poisson, de fromage, des épices et quelques stands de restauration populaire. Maintenant, la partie restauration occupe l’une des deux allées et la part consacrée aux fruits et légumes est encore diminuée avec l’extension des commerces de produits exotiques. Le marché, à défaut d’être resté populaire, est toujours très achalandé, devenu au fil du temps un lieu touristique fréquenté. Vers les 10 heures du matin, un lundi, la foule n’est cependant pas dense. Dans l’allée spécialisée dans la restauration, on s’affaire à nettoyer et dresser les tables. De l’autre côté, quelques magasins ont porte close. Il n’empêche, les commerces d’épices et de produits exotiques enluminent l’allée, la boulangerie a disposé ses pains frais sur les rayons, les fruits et les légumes semblant cueillis du matin complètent ce tableau coloré.

De là, nous passons derrière l’Opéra national et allons à l’office du tourisme. Les expositions temporaires repérées sont déjà terminées. Nous allons à l’Albertina. Belles collections dans de beaux locaux, seul le sous-sol, consacré à de la peinture moderne, ne nous touche pas. Pour l’après-midi, nous suivons en partie un « circuit Art nouveau » en architecture décrit sur un dépliant de l’office du tourisme. Je ne pense pas que nous découvrions du nouveau, mais c’est intéressant et nous profitons du fait que le circuit traverse divers quartiers pour visiter toutes sortes de lieux, dont quelques magasins !

Pour rentrer, nous prenons le train de Baden, mi-train mi-tramway, je ne l’avais pas pris depuis 1966, c’est dire. La chaleur est étouffante. Il faisait très chaud en ville, mais des courants d’air rendaient la visite agréable.

 

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