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Voyage de 2014

Semaine 4, Grèce

Lundi 21 avril

jusqu’à Patras (photos)

Suite aux remarques d’hier, nous sommes aujourd’hui lundi et, plus précisément, lundi de Pâques. Nous avons lu en détail tout ce qui concerne cette fête en Grèce dans notre guide et nous ne nous faisons aucune illusion sur l’ouverture du garage. Ce matin, les montagnes sont coupées bas et il pleut légèrement. Je vais voir si le site est ouvert. Eh bien oui. Il ne reste plus qu’à s’équiper. Je m’étais garé hier en long sur des places en épi, le peu d’affluence – nous sommes seuls – n’impose pas de changer de position. Le grand parapluie ouvert, nous partons à la découverte de ce petit site archéologique. L’élément saillant en est le théâtre. Bien que tout gris sous un ciel tout en nuances de gris, un unique arbre en son sommet, il a belle allure et tranche avec les autres parties qui sont assez réduites. Le plafond de nuages a remonté un peu, mais pas au point d’amorcer un dégagement du ciel.

Nous repartons, non sans passer par le garage pour avoir confirmation de notre pressentiment de fermeture. Selon notre guide d’entretien, le suivant dans la direction que nous souhaitons prendre se trouverait à Agrinio (Αγρίνιο). La route file vers le sud en suivant la montagne. Des marchands d’oranges sont installés et attendent les clients. Nous en sommes, tout contents de retrouver de bonnes oranges juteuses cueillies mûres. Peu avant Arta (Άρτα) la vallée s’est élargie au point de former une plaine. Il fait plus clair malgré la grisaille. Pourtant, le paysage n’est pas bien joli, l’habitat est dispersé, un peu en désordre et les champs sont mal définis, surtout à cette saison. Un peu avant d’arriver en ville, des indications bienvenues donnent le vieux pont de pierre sur la gauche. Le parking est sale, il a été occupé par des gitans dont les derniers, qui sont encore là, commencent à se réveiller. Fort de ses cinq arches aux niveaux étagés, le pont enjambe l’Arachtos (Άραχθος) aux eaux de cristal. De profil, on le dirait soulevé par endroits, dans son axe, ce n’est qu’une enfilade de montées et de descentes. En ce jour de fête, on vient s’y promener. Dommage que le soleil ne soit pas au rendez-vous. Notre second but ici est le monastère de Vlachernes (Βλαχέρνα). Le parcours est bien décrit dans le guide, heureusement parce que les deux petits panneaux presque à ras de sol n’aurait pas permis de s’y retrouver dans ce dédale de petites routes de campagne. Le lieu ne semble pas touristique et le stationnement presque un problème. Une jolie petite église nous y attend. Curieusement, son allée et les arbres qui l’accompagnent sont décorés de voilages, d’objets enveloppés de tulle blanc et de gros nœuds de la même matière. À l’intérieur, le calme habituel de ce genre d’édifice à la campagne a laissé place à des ateliers. L’un d’eux est l’installation de caméras et d’un puissant système d’éclairage qui a l’avantage de mettre en valeur les fresques anciennes qui nous ont amenés. Dans un deuxième, des femmes s’affairent à la décoration dans le style vu avant d’entrer. Le pope, enfin, s’occupe des affaires liées au rituel religieux. À part ce dernier qui vient nous serrer la main, nul ne se soucie de notre présence. Petite mais intéressante, l’église ne nous retient pas bien longtemps. En sortant, je demande au jeune homme qui nous suit s’il parle anglais. Disons que son anglais est suffisant pour apprendre qu’il ne s’agit pas de la préparation d’un mariage mais de celle d’un baptême. Il est midi moins cinq et la cérémonie doit commencer à midi. Nous partons donc rapidement avant que le camping-car ne soit coincé par les voitures des participants non sans nous demander si les baptêmes sont toujours l’occasion de pareils préparatifs ou s’il s’agit d’une famille aisée, tout étonnés que nous sommes qu’à moins de cinq minutes du début, personne ne soit encore arrivé. Nous poursuivons sans entrer dans la ville.

Plus loin, la route suit le golfe d’Ambracie (Αμβρακικός κόλπος) au pied d’une petite falaise. Peu avant la ville d’Amfilohia (Αμφιλοχία), une promenade ombragée a été aménagée en bord de mer. Le soleil commence à poindre, ce qu’il faut pour profiter de la vue sur la ville et le fond de la baie. Plus tard, voulant profiter du pittoresque marqué sur la carte de la route qui suit le rivage sud du golfe, nous quittons la route principale et partons en direction de Vonitsa (Βόνιτσα). Dans la partie près du rivage, sur la sortie de la ville, les petites installations industrielles gâchent le paysage. Plus loin, la route n’est plus côtière et les villages ne sont pas inoubliables. Nous décidons de retourner à la route principale et faisons demi-tour à un point plus élevé d’où la vue porte sur la côte et qui est le seul point intéressant de ce trajet. Agrinio n’est plus très loin. Ce serait bien de trouver le garage puis de chercher une place peu éloignée pour pouvoir nous présenter au garage dès l’ouverture. La première impression que dégage cette ville est celle d’être sinistrée ou oubliée ou à l’écart du développement. De quoi vit-on ici ? Jusqu’à la sortie, rien ne modifie cette première impression. De plus, pas la moindre trace du garage attendu. Pas non plus pour les pompistes interrogés. À quoi bon rester ici dans ces conditions ? Autant poursuivre jusqu’au garage suivant, celui de Patras (Πάτρα).

Plus nous roulons vers le sud, plus la circulation s’intensifie, effet conjugué de l’après-midi qui avance, de la fin d’un week-end de fête et de l’approche d’une ville importante. Remplacé par un vent tempétueux, le soleil qui a fait une courte apparition tout à l’heure n’est plus qu’un souvenir. Vu que notre carte a dépassé la douzaine d’années, nous ne savons pas comment on passe dans le Péloponnèse. Nous avons entendu parler d’un pont, elle n’en laisse pas soupçonner l’existence, nous allons voir sur place. Que la traversée se fasse en ferry ou par un pont, le vent est tel qu’il faudra faire attention, il n’est par contre pas question de reporter le passage à demain matin parce que nous devons savoir où se trouve le garage. Dans sa dernière partie, la route est au-dessus de la mer où le vent soulève de l’écume. En bas, un pont. Juste avant le pont, un péage. C’est très cher, mais nous y sommes, il est trop tard pour aller chercher un ferry ailleurs. C’est un joli pont suspendu dont les piles et surtout les haubans, peints en blancs, contrastent vivement avec le ciel maintenant bien assombri. De l’autre côté, nous commençons immédiatement à chercher. La grande avenue qui mène en ville réunit la plupart des grandes enseignes de constructeurs automobiles, nous n’y voyons pas celle que nous aurions aimé trouver tout de suite. À un moment, je prends à droite, cela descend vers la mer puis la longe sur une belle distance. L’espoir de trouver un garage dans cette zone est nul, au moins, découvrirons-nous la ville et son centre. Tout est facile, aucun commerce n’est ouvert et les rues sont vides. Il doit en être autrement lorsque tout est en activité, les commerces se suivent sans interruption et les rues qui paraissent larges aujourd’hui parce qu’aucune voiture n’y est arrêtée ne doivent pas l’être lorsqu’elles sont encombrées. Après cette incursion de curiosité, nous remettons le cap à l’est pour retourner dans la zone par laquelle nous sommes arrivés. Toujours rien. Arrêt à une station-service pour demander, le nom de l’avenue est le bon, mais ils n’en savent pas plus. Autre arrêt, rien de nouveau et c’est pourtant à moins de cent mètres que nous finissons pas trouver, environ cinquante mètres après le carrefour où j’avais quitté l’avenue tout à l’heure ! Le garage est à l’angle d’une rue perpendiculaire et descend jusqu’à la petite rue suivante, tout près.

Seconde étape : recherche d’un endroit où passer la nuit. Le quartier est en partie résidentiel mais manifestement inoccupé et des épaves entravent la chaussée à plusieurs endroits, impensable de s’arrêter là. Nous tentons notre chance dans l’avenue qui descend vers la mer et que nous venons de prendre. En bas, une grande station-service avec de la place. Je vais demander si le coin est sûr. Le jeune couple, qui parle anglais, ne répond pas franchement par l’affirmative et précise qu’il serait mieux que nous allions devant, sous le projecteur de l’atelier de changement de pneus parce qu’eux ferment à 10 h. Il n’en faut pas plus pour que nous allions chercher ailleurs. Nous avons bien vu que l’avenue en bord de mer n’était pas mieux, nous tentons notre chance au-dessus, par la rue de la petite église. Manque de chance, il n’y a pas le moindre parking et la rue est trop étroite pour y garer le camping-car. Nous prenons le parti de quitter la ville vers l’est et d’aller voir en banlieue. Cela commence mal avec des espaces qui, avec des ponts de voie de chemin de fer et d’autoroute, ressemblent plus à des terrains vagues qu’à des parkings ou des haltes. Nous continuons, un peu désespérés, le soir arrive d’autant plus que le ciel est sombre et nous n’avons rien. À Saint-Basile (Αγίου Βασιλείου), nous repérons quelques petits supermarchés qui feront l’affaire. Nous sommes dans un quartier partagé entre résidences et commerces. Nous prenons une place important sur un tout petit parking d’un petit supermarché, mais il y a toutes les chances pour que nous l’ayons quitté avant l’ouverture demain matin. Le parking voisin, un peu plus grand, est actif parce que le magasin est ouvert. On y vend toutes sortes de mets et de pâtisseries, comme partout dans les villes. Encore que le mot actif soit exagéré, les affaires ne doivent pas être florissantes si cette activité n’est pas plus importante les autres jours. En face, un magasin d’équipement électronique est éclairé de couleurs variées. Ensuite, ce sont des pavillons où la vie doit être bien rangée. La nuit va être plus courte, ne l’écourtons pas plus.

Mardi 22 avril

au garage puis route pour Olympie (photos)

Le petit parking est suffisant, le trafic très faible la nuit. Par contre, stationner à côté des poubelles n’est pas une bonne idée. Les trois grands containers ont été vidés vers 4 h du matin et, comme partout pour cela, le camion est venu en marche arrière juste à notre gauche, les éboueurs ont conduit un à un les containers au camion qui les a soulevés et, dans le mouvement alternatif voulu, secoués pour les vider complètement. Rien de bien nouveau donc, mais tout cela est bruyant et la fin de la nuit en a été perturbée, une chance que nous ayons eu l’intention de partir tôt pour être au garage avant l’ouverture. Il fait beau lorsque nous prenons la route juste avant 7 h.

Comme nous ne sommes pas loin, tout est encore fermé à notre arrivée. Nous prenons place près d’une porte de l’atelier et attendons. Vers 8 h, des mécaniciens commencent à arriver. Le bureau des prises en charge n’apparaît pas clairement, je tente ma chance à un bureau, on parle grec, je m’en doutais, mais, pour l’instant personne ne parle une autre langue. Il ne faut pas s’en tenir à ce constat, l’employé vient avec moi, je lui montre la pédale de frein et fais un chuintement, il a compris et me fait signe d’attendre. Nous voyons des clients arriver, certains sont pris en charge immédiatement, sans doute des rendez-vous, d’autres laissent leur voiture et repartent et d’autres enfin attendent aussi. Rien n’indique combien de temps nous allons passer ici jusqu’à ce qu’un autre employé parlant anglais vienne nous dire que ce sera notre tour dès qu’un des mécaniciens aura terminé son travail. Sans savoir le temps que cela prendra, nous savons au moins que notre tour viendra aujourd’hui. Il fait plus beau qu’hier, si cela arrange un peu l’aspect du quartier, il n’en reste pas moins peu accueillant, des parties des épaves dans la rue brillent encore un peu au soleil. Les pavillons ne donnent pas le moindre signe de vie. Le seul point positif des lieux est l’abondance des fleurs printanières dans les jardins, encore que seules les plus grandes dépassent derrière les hauts murs. Sur la droite se trouve le dépôt de bus de la ville où le va-et-vient est incessant et où le service de nettoyage peine à suivre le rythme.

C’est vers 9 h qu’ils prennent le camping-car. Il passe par la porte, la hauteur est en effet toujours le premier souci. D’où vient le bruit ? Il nous avait semblé qu’il provenait de l’avant-gauche mais en levant le camping-car de ce côté, en faisant tourner la roue à la main et en freinant légèrement, rien n’est perceptible, l’observation à la vue n’en révèle pas plus. À l’avant-droite alors ? Rien non plus. Avec le chef d’atelier, ils recourent à une expérience à l’extérieur : ils partent par la petite rue qui descend, l’un au volant, l’autre à pied à côté. Le chauffeur accélère puis freine tandis que l’autre court à côté. Un essai à droite, un à gauche suffisent à déterminer l’origine du bruit. Au démontage, ils trouvent une plaquette usée, mais heureusement pas assez pour avoir endommagé le disque. De l’autre côté, c’est moins usé. Quoiqu’il en soit, cela se change par paire. Je leur demande ensuite de vérifier celles de l’arrière, c’est bon, pour un long trajet si nous voulons. Lorsque le travail est terminé, ils partent faire des essais. Je les vois non sans appréhension, partir à vive allure dans les petites rues et freiner fort, tourner dans d’autres rues jusqu’à ce qu’ils disparaissent au détour d’une autre. Ce qui me fait le plus peur est le fait que le chef d’atelier n’a pas du tout le gabarit du véhicule dans l’œil, je l’ai vu à l’œuvre à l’entrée ou à la sortie du garage où il tourne trop tôt par rapport à la longueur au risque d’accrocher la porte en manœuvrant, ce qui se serait déjà produit si les mécaniciens et moi n’avions fait des gestes pour le guider. Bon, ils reviennent et le camping-car n’a pas souffert. Il nous tarde de partir. Il n’y a vraiment rien à faire ici et le garage n’a même pas aménagé d’espace pour ses clients, pas même une chaise dans un coin, je passe tout le temps debout près de la porte de l’atelier, me contentant de regarder le manège des bus de la ville et jetant un œil de temps en temps à la progression du travail. Paiement, remerciements et nous reprenons enfin la route.

Pour éviter l’autoroute, nous choisissons des rues vers l’ouest, à commencer par l’avenue du bord de mer que nous poursuivons aussi loin que possible. Elle traverse des quartiers où le niveau de vie ne doit pas être bien élevé avant de partir dans des zones résidentielles calmes et fleuries. Nous n’en sortons vers la route principale que lorsque la largeur des rues donne des signes de fin. Un peu plus en hauteur avec des vues sur la mer et ses bas-côtés couverts de détritus variés, la grande route est large. Les ex-voto (αφιέρωμα), communs sur toutes les routes, semblent être plus denses ici. Certains sont tout neufs, de belles constructions, on en fait d’ailleurs le commerce dans de nombreuses villes. Plus loin, la route quitte le rivage et donne à traverser de grandes étendues agricoles. C’est par là, sans plus de précision, que nous cherchons une route vers l’ouest en direction de Chlemoutsi (Χλεμούτσι). Nous prenons une route qui part dans la bonne direction. En ce début d’après-midi, les villages traversés sont complètement endormis. Les magasins sont fermés, les maisons aussi, l’activité agricole n’est pas visible. Le soleil n’est pourtant pas trop chaud, ce doit être une habitude dont l’avantage est de faciliter la circulation à défaut de présenter de l’intérêt. Les terrains traversés par la grande route sont plats, ici, nous serpentons entre, sur et autour de petites ondulations couvertes, le plus souvent, d’oliveraies tandis que les creux sont boisés. À force de tourner, nous finissons par découvrir le grand château de Kastro au détour d’un virage sur l’une des innombrables petites collines. C’est une forteresse bâtie sur une colline plus élevée et dont on ne voit que d’énormes murailles sans ouverture. Nous sommes venus pour la vue de l’édifice et non pour sa visite que nos guides n’ont pas réussi à nous faire entreprendre d’autant plus que nous avons l’intention d’aller à Olympie (Ὀλυμπία) avant le soir. Nous en approchons jusqu’au parking. De loin, la forteresse dégageait déjà une impression de puissance, d’en bas, elle est formidable. Pour varier, nous retournons à la grande route par d’autres voies juste pour voir d’autres oliviers et d’autres champs ! C’est dans le contournement de Pirgos (Πύργος) qu’il faut bifurquer vers l’est.

La route d’Olympie est bien aménagée pour les autocars ce qui se comprend d’un point de vue touristique et qui, sinon, ne se justifierait certainement pas au regard des activités agricoles des lieux. Un vaste parking précède l’entrée dans le village, nous le parcourons, on ne sait jamais. Il a deux inconvénients, celui d’être en pente et surtout celui d’être sale donc non entretenu au point de se poser la question de la pertinence de l’envisager pour la nuit. Pour l’heure, il est encore temps d’aller jusqu’au site. Sur la rue principale du village, joliment pavée et sans trottoirs, donne une double enfilade de magasins au caractère presque exclusivement touristique. Au bout, un parking, de la place. Nous allons voir l’heure d’ouverture le matin et demander le temps qu’il fera. Au guichet, on a la réponse à la première question mais aucune idée de celle de la seconde. Nous tentons le pari qu’il fera beau demain matin. L’éclairage devrait être plus intéressant et moins gêné par l’une des deux collines qui ferment le site sur son flanc ouest. N’ayant maintenant rien au programme, nous partons à l’exploration des alentours. Elle commence par une agréable promenade autour de la petite rivière, nous poursuivons pour repérer le quartier de la gare où il semble y avoir un autre parking, celui sur lequel nous avons laissé le camping-car étant interdit la nuit. Nous parcourons aussi, et dans le même but, quelques rues entre la principale et la rivière. Le stationnement y est autorisé mais aucun espace spécifique n’est prévu à cet effet. Nous terminons le tour par la rue principale. Comme nous l’avons vu en passant tout à l’heure, tout est tourné vers le tourisme à des niveaux de luxe variés. Les touristes ne sont pourtant pas légion, aucun autocar, quelques voitures et peu d’étrangers. Les magasins ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisqu’ils ne sont pas tous ouverts. Le temps est agréable aussi, nous partons sur le parking extérieur avec l’intention de revenir sur le parking le plus bas près de la rivière à la nuit. Au retour, une surprise nous attend : trois camping-cars s’y trouvent déjà, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée ; un français, un italien et un grec, où étaient-ils tout à l’heure ? Nous nous installons tranquillement en ne laissant filtrer que le minimum de lumière parce que, nous ne l’avions pas vu en passant à pied, ce parking est aussi interdit la nuit. Nous n’avons pas trop à attendre pour voir arriver la police qui nous demande de partir ailleurs. Je leur demande – à tort – si le stationnement dans les rues est autorisé, sans surprise, c’est non. Si je n’avais pas demandé, nous aurions pu nous y mettre, la probabilité pour qu’ils passent partout est faible. Tant pis, nous partons jusqu’au parking où nous venons de passer la soirée. Il ne nous inspire pas plus maintenant, aucun lampadaire n’y est allumé et la nuit est noire. Nous continuons par la route, doucement là où luit une lumière. C’est dans un renfoncement bien éclairé devant une maison qui semble être un restaurant que nous prenons place. Aucun problème.

Mercredi 23 avril

Olympie, Mycènes (photos)

La nuit a été parfaitement calme et il fait beau. Nous partons tôt pour être parmi les premiers visiteurs du site, et, surtout, avant d’éventuels groupes. Peu de voitures sur le parking où nous attendons tranquillement l’ouverture des guichets. Nous voyons arriver le camping-car italien d’hier soir, un des quatre à s’être fait chasser par les policiers, et nous voyons ses deux occupants partir à la visite, il n’en faut pas plus pour nous faire partir. Au passage, je jette un coup d’œil dans leur camping-car et constate qu’ils ont mis une sangle entre leurs deux portes avant et qu’ils ont équipé toutes leurs autres ouvertures, porte et coffres, de verrous supplémentaires, de bonnes idées à engranger ! Effectivement, en bas, le guichet est ouvert, nous pouvons commencer la visite.

Nous avons un billet pour le site et pour le musée, mais, vu le beau temps et l’éclairage matinal, nous commençons par l’extérieur, guide à la main. Ce site est sans doute celui dont le nom est le plus répandu sans doute en raison du mouvement olympique. Il occupe un terrain plat au pied de deux collines, la promenade est agréable, les arbres de Judée sont en fleur, l’herbe fraiche recouvre les terrains et le soleil joue à cache-cache derrière les colonnes. Nous ne tardons pas à rejoindre le couple d’Italiens. Le monsieur parle un peu anglais et la femme un peu français, cela compensera notre incompréhension de l’italien. Ils comptent poursuivre en Grèce et pousser jusqu’à Istanbul. Je leur parle de leur sangle et de leurs fermetures en évoquant nos mésaventures à Parme. Ils ont aussi de pareilles expériences et c’est qui les a amenés à tout leur système de protection. Comme nous, ils trouvent le site agréable et continuent leur tour dans le sens que leur suggère leur guide et qui n’est pas le même que celui du nôtre. Ce nom d’Olympie a beau être bien connu, je trouve que comme à beaucoup de tels endroits, les découvertes sont presque limitées à celles de bases de constructions. C’est bien de savoir que telle place est celle où défilaient des athlètes, celui où ils s’entraînaient… mais il faut beaucoup d’imagination pour donner vie aux pierres qui restent. À notre goût, l’endroit le plus spectaculaire ici est le stade : arcade à l’entrée, vaste espace – il atteint presque de 200 m de long – larges pelouses en pente pour les spectateurs, ne dit-on pas qu’il pouvait en accueillir 40 000 ? Il invite à le parcourir dans toutes ses dimensions d’autant plus que nous avons la chance d’y être absolument seuls. Aucun groupe n’est encore arrivé, les visiteurs individuels, dans les autres parties du site, sont peu nombreux, le seul endroit où l’activité est un peu plus intense est celle des fouilles. Après avoir bien traîné partout et lu tous les commentaires et descriptions du guide, nous allons au musée archéologique. Une visite d’un autre type, mais tout aussi agréable que la première par la richesse de son exposition et sa mise en valeur. Nous avons finalement passé près de trois heures aux visites, prenons la route pour aller plus loin.

Nous n’avons pas l’intention d’aller plus au sud dans le Péloponnèse, cap à l’est. Pour éviter de nous laisser happer par la voie rapide, nous prenons l’ancienne route qui passe par les villages au milieu des cultures, à la limite des collines, dans l’espoir de trouver un embranchement vers l’est. Les villages se succèdent, Platanos (Πλάτανος), Pelopio (Πελόπιο), Irakleia (Ηράκλεια), jusqu’où irons-nous ? Les villages sont vivants, les constructions sont assez homogènes, mais il faut arrêter d’aller vers l’ouest, c’est-à-dire, pour nous, de retourner en arrière. Demi-tour. La seconde traversée d’Irakleia se fait à la vitesse d’un convoi funèbre. Nous retournons jusqu’au premier embranchement et nous décidons à emprunter la voie rapide qui prend aussitôt la bonne direction. Assez rectiligne comme toutes les voies de cette nature, si elle permet d’avancer rapidement, toujours de par sa nature, elle ne traverse pas de paysages bien intéressants. Nous n’avons pas beaucoup à attendre pour nous retrouver face à un tas de gravats qui marque sa fin provisoire, un provisoire bien établi vu la végétation sur le tas de terre et l’absence complète de trace de chantier au-delà. Nous voici enfin sur la route cherchée, signalée comme pittoresque sur la carte. Nous sommes quasiment seuls et cela tombe bien parce qu’elle est si sinueuse que nous prenons de la place dans les virages. Nous contournons absolument tous les rochers et les ravins et suivons toutes les courbes des rivières. C’en est bien fini des collines qui entourent des plaines, ici, le relief a pris le pas, nous sommes en montagne. Les villages sont plus rares, l’agriculture est limitée, la forêt déborde de partout, grands feuillus dans les vallées, garrigue sur les versants. Dans l’une des vallées, le village de Langadia (Λαγκάδια) s’accroche sur l’un des versants en s’étageant. Nous ne sommes pas loin des 1 000 m d’altitude. La vue qu’on en a d’en face est plus belle encore, il est dommage que le ciel se soit voilé. Plus loin, nouveau changement de paysage : petites forêts de résineux entourées de prairies, les Vosges en calcaire. Malgré l’altitude, il doit avoir un tout autre aspect avec l’arrivée des chaleurs estivales. Puis, c’est au tour d’une plaine aux champs tirés au cordeau de faire son entrée dans le panorama. Les montagnes restent couvertes d’une végétation méditerranéenne et la route s’y engage. Il s’agit d’aller passer un col au-dessus de Kandila (Κανδήλα). De l’autre côté, les mêmes montagnes plongent leurs racines sous d’autres plaines moins larges et peu à peu consacrées au vignoble. Nous approchons de Nemea (Νεμέα), réputée pour ses vins.

Nous retrouvons un peu de trafic plus loin, avec la proximité de l’autoroute que nous évitons pour nous diriger, au milieu d’orangeraies puis d’oliveraies, vers Mycènes (Μυκήνες) et son fameux site archéologique (Μυκῆναι). Le site se trouve sur les pentes au-dessus du village actuel. Un grand parking, des voitures, quelques autocars, nous ne serons pas seuls, mais il n’est pas possible d’arriver partout tôt le matin. Le soleil s’est perdu en route, nous ne le reverrons sans doute pas de la journée au vu de l’épaisse couverture nuageuse. Du parking, le regard embrasse une partie importante du site : pas mal de vieux murs ! L’entrée dans l’enceinte est somptueuse et vaut le détour à elle seule avec ses trois pierres monumentales surmontées d’un tympan orné de lions. Ici, il faut attendre son tour pour les photos. Une fois la porte passée, les vieux murs aperçus d’en bas sont à portée de main mais, si l’on peut les toucher, en apprécier la taille ou imaginer les prouesses techniques nécessaires à leur érection, ils n’en restent pas moins de vieux murs. Il est toutefois remarquable que des vestiges aussi anciens aient pu être conservés dans cet état, la plupart ayant plus de trois millénaires. Nous passons partout où c’est autorisé, profitant de l’espace et de la raréfaction des touristes au fur et à mesure que l’on s’élève. L’horizon bouché et les lointains brumeux font regretter de ne pas pouvoir en profiter du haut de ce promontoire. De retour en bas, nous allons voir les tombes, constructions en coupoles d’une parfaite régularité s’élevant à une dizaine de mètres à l’entrée monumentale précédée d’un couloir en pierres taillées et à ciel ouvert. Nous terminons la visite par le musée local. Le parking, un peu sale et isolé, ne nous inspire pas pour un stationnement nocturne, nous redescendons non sans nous arrêter à la plus remarquable des tombes, le Trésor d’Atrée ou tombeau d’Agamemnon, du XIIIe siècle avant J.-C., entre le site et le village. En route ensuite pour le centre de ce dernier, nous y avons vu une grande place en montant… Effectivement, un grand rectangle presque vide, les maisons voisines n’y sont même pas accolées. Pas de passage, pas d’enfants qui jouent, quasiment pas de mouvement des trois ou quatre voitures garées, serait-ce le lieu idéal ? Il y a bien des aboiements de chiens derrière, mais ils devraient finir par cesser. Le soir tombe, quelques lumières municipales s’allument, des fenêtres s’éclairent et les chiens ne se sont pas encore lassés. Plus tard, après bien des cycles d’allumage et d’extinction de l’éclairage dans les maisons, les chiens entreprennent leurs chants nocturnes, assez peu différents des échanges diurnes. Il va falloir se faire une raison, nous n’avons aucune envie d’aller chercher ailleurs, nous avons fait bien attention en arrivant, mais comme souvent dans les zones de cultures fruitières intensives, il ne reste pas de place pour autre chose. À défaut d’espérer que les chiens cessent, nous espérons maintenant qu’ils ne nous empêcheront pas de dormir !

Jeudi 24 avril

Corinthe puis remontée vers le nord (photos)

Eh bien non, les aboiements n’ont pas cessé de la nuit ou alors seulement lorsque nos sens nous faisaient défaut. Une nuit moyenne donc, nous tâcherons de trouver mieux ce soir. Pour l’heure, le concert continue mais, maintenant que nous allons partir, nous avons fini par nous y habituer et n’y prêtons plus aucune attention. Dans l’immédiat, nous reprenons, en sens inverse, la route par laquelle nous sommes arrivés hier à une différence notoire près : le ciel est d’une pureté qui engage à en profiter. Nous prenons ensuite la route de Corinthe (Κόρινθος) qui suit approximativement l’autoroute en restant toutefois au milieu des vergers, principalement des orangeraies et des oliveraies. L’entrée en ville ne paie pas de mine de ce côté, par contre, la balade le long des quais et dans les rues est très agréable. C’est propre, beau et vivant. Nous n’y traînons cependant pas trop dans la mesure où le programme de la journée est chargé. La première visite sera celle du site archéologique. C’est d’autant plus urgent que déjà de gros nuages noirs s’amoncèlent derrière les collines environnantes. Dans les petites rues, nous avons quelque peine à suivre les indications pour le stationnement mais finissons par trouver un vaste parking non loin de l’entrée. Les autocars de touristes doivent pourtant bien arriver ici, il devait y avoir une autre voie. Les restes du temple d’Apollon attendent le visiteur. Le site et ce temple en particulier, en raison de sa position un peu surélevée, occupent un emplacement qui ne manque pas de pittoresque entre l’isthme et la montagne de l’Acrocorinthe (Ακροκόρινθος) au sud. Nous avons décidé de ne pas aller visiter cette forteresse et de poursuivre le voyage. Pour l’instant, comme ailleurs, nous parcourons et regardons tout. Les restes de rangées de boutiques autour de l’agora, au milieu des rouges et des jaunes floraux, invitent à traîner un peu. Ici encore, nous ne ratons pas la visite du musée, c’est souvent très intéressant et il est dommage que ce qu’on y découvre ne soit pas en situation. La sortie par la rue de Léchaion fait passer devant la fontaine de Pirène, deux incontournables des lieux. C’est déjà le début de l’après-midi lorsque nous reprenons la route vers le nord. Pour l’instant, les nuages bien qu’un peu turbulents, n’ont pas réussi à masquer le soleil, par contre, le vent, bien perceptible ce matin, s’est renforcé et obligera à un effort d’attention supplémentaire en route. L’autre point d’intérêt auquel nous prêtons attention est le fameux canal. Sur le pont qui l’enjambe, le vent est si violent que nous devons faire preuve de prudence entre la rambarde du précipice et les camions qui frôlent le passage, d’ailleurs, la traversée de la double voie pour aller voir le point de vue de l’autre côté n’est pas de tout repos. Au moins bénéficions-nous d’un beau soleil.

La route suit ensuite la côte, l’espace est réduit entre l’autoroute, la voie de chemin de fer, les petites villes et le relief. Nous n’y sommes pas seuls, les Grecs sont nombreux à bouder l’autoroute voisine. L’arrêt ne serait possible qu’à de rares endroits dans ces villes, nous passons donc les promontoires rocheux qui dominent la mer sans nous arrêter. Plus la route avance vers l’est et plus la densité des habitations et celle du trafic augmentent. Nous bifurquons vers le nord peu avant Elefsina (Ελευσίνα), à une vingtaine de kilomètres d’Athènes (Αθήνα) où nous avons décidé de ne pas aller faute d’avoir trouvé à l’avance un stationnement pour le camping-car. Nous avons bien cherché avant de partir en raison de la réputation des embouteillages de cette ville, en vain. Mandra (Μάνδρα), encore une ville inintéressante à passer et la route remonte dans un paysage de garrigue ensoleillé avant de redescendre sur une plaine aux champs si bien dessinés qu’on les croirait d’essence divine et d’entrer dans Thiva (Θήβα), l’ancienne cité de Thèbes (Θῆβαι). Comme le soleil commence à décliner, nous quittons la route pour aller voir en ville s’il ne se trouverait pas une place pour la nuit. Les rues ne sont pas larges, les maisons sont serrées, nous en ressortons pour aller du côté d’une ancienne station-service vue en arrivant, un grand espace un peu en pente et un peu à l’écart de la route qui va faire l’affaire.

Vendredi 25 avril

Delphes (photos)

Le beau temps s’est maintenu, une belle journée s’annonce. La nuit a été des plus calmes, les chiens d’hier sont oubliés. Nous avons eu un voisin, un petit camion polonais arrivé plus tard que nous et reparti plus tôt. Nous avons beau être à l’entrée d’une ville, le trafic est des plus réduits, à peine quelques gros camions de temps à autre. Peu avant la sortie de la ville, une boulangerie. L’arrêt dans cette rue principale n’est pas raisonnable, mais du pain frais assuré alors que nous ne savons pas si nous en trouverons plus loin, c’est tentant. La devanture est alléchante, il faut ajouter l’odeur de l’intérieur et l’accueil des boulangères, sans doute mère et fille, qui n’attendent que nous et s’empressent de nous faire découvrir leurs produits. Les échanges sont limités, aucune des deux ne parle anglais, mais nous les sentons contentes de répondre à des attentes que nous ne pouvons pas exprimer. Nous en ressortons avec du pain pour au moins une semaine et commençons immédiatement la dégustation ! Nous avons aussi acheté du pain de Pâques, mi-pain mi-brioche, sec, aux œufs. Les fêtes passées, il se vend découpé et en sac. La route se poursuit ensuite vers l’est, principalement rectiligne en plaine, autant dire que nous avançons bien et sans difficulté et que nous ne tardons pas à rejoindre Livadia (Λειβαδιά), une route pittoresque et des paysages plus sauvages et plus variés. Une vingtaine de kilomètres plus loin, cap au sud en direction du Golfe de Corinthe, non pas pour retourner à la mer, mais en direction du monastère Saint-Luc (Ósios Loukás, Μονή Οσίου Λουκά). Nous le trouvons au bout d’une petite route de montagne, entouré d’amandiers ou d’oliviers, accroché sur un coteau, blotti dans un repli de terrain en plein soleil. Notre arrivée double le nombre de visiteurs. Ici, tout mérite le détour : les bâtiments, autour desquels s’organise la visite qui, à chaque instant, laisse découvrir de nouveaux angles de vue ou des échappées entre eux, les mosaïques millénaires surtout dont les ors recouvrent l’intérieur de la plupart des coupoles en rehaussant les visages des saints personnages qui s’en détachent, le vert de la plaine et ses rangées d’oliviers en bas, au pied de la montagne recouverte de garrigue. Il ferait bon y passer la journée.

Nous ne le ferons pas, décidés à pousser jusqu’au site de Delphes (Δελφοί) qui n’est plus qu’à une trentaine de kilomètres. Peu après être revenus à la route principale, celle-ci attaque bientôt le flanc du Mont Parnasse, les lacets succèdent aux virages pour rester à peu près de niveau tout en se jouant du relief. Le site de Delphes apparaît au détour de l’un d’eux, en face, avant que nous en découvrions une partie, plus bas que la route. Un site archéologique de plus, certes, mais quel environnement ! En terrasse sur le versant sud de la montagne, la falaise rocheuse le barre sur la droite et, devant, une profonde vallée verte. Ici, la visite consiste à remonter la Voie sacrée, en lacets, elle aussi, jusqu’au temple d’Apollon. Site très connu, site très visité, les groupes se suivent de près, mais ce n’est finalement pas trop gênant parce que cela apporte des touches de couleur aux ruines et, que comme partout, les groupes sont toujours pressés et qu’il suffit d’attendre lorsque l’un d’eux se présente. La pythie est là aujourd’hui ? Aucune information à ce sujet, mais si tel était le cas, cela se saurait et la foule serait plus dense. Nous n’aurons donc pas le droit à un oracle. Quoiqu’il en soit, les restes du temple d’Apollon, le sol surélevé et quelques colonnes, n’auraient sans doute pas permis à la devineresse de transmettre ses oracles. Les quelques colonnes du temple se découpant sur le fond de la vallée aux teintes vert foncé offrent un spectacle différent des autres sites. Plus haut, donc moins fréquenté, le théâtre dont les gradins de pierre dominent à la fois le temple, le Trésor des Athéniens rebâti et la vallée. Puis, tout en haut, à la limite de la forêt, le stade dont les gradins semblent se prolonger jusqu’à la haute falaise calcaire. Pour le retour, la Voie sacrée, ici, il n’y a qu’une rue. Après cette visite, nous allons au musée. À ne pas manquer, ce que doivent pourtant faire la plupart des visiteurs, nous sommes en effet seuls avec un autre couple francophone, ce qui nous donne droit à une double visite : celle du musée qui renferme des pièces exceptionnelles comme l’Aurige de Delphes, la statue d’Antinoüs ou le Sphinx et celle de la façon de visiter des deux autres personnes qui consiste à filmer consciencieusement toutes les pièces puis leur panneau explicatif, sans doute pour faire la vraie visite chez eux, tranquillement devant leur téléviseur. Le cameraman a-t-il regardé une seule pièce autrement que sur son minuscule écran ? À nouveau à l’extérieur, nous constatons qu’il a plu, une belle pluie d’orage, mais c’est fini. Des affiches un peu partout font part d’un accès libre à internet, je vais poser la question, cela ne fonctionne pas ! Ce n’est pas grave, nous ne sommes pas venus pour cela et il reste à aller voir les ruines qui sont en-dessous de la route, le gymnase dont l’espace n’est pas ouvert au public mais que l’on voit parfaitement bien de la route et, plus loin, le sanctuaire d’Athéna intéressant bien qu’il ne reste que trois colonnes en place qui supportent un court élément de façade de la rotonde. La visite complète a duré près de quatre heures. Il est temps d’aller un peu plus loin à la recherche d’un emplacement pour la nuit. Un rideau de pluie orageuse qui est en train de traverser la vallée a la bonne idée de rater sa traversée et de nous laisser le soleil. Le village de Delphes était caché juste derrière le premier virage. Nous n’y voyons pas la moindre place. À la sortie peut-être, mais c’est dans le virage d’accès à une ferme au-dessus de la route, pas extraordinaire à la fois pour la ferme et pour d’éventuels orages, nous allons voir plus loin. La route commence à descendre vers la plaine côtière et, après quelques lacets, elle est bordée d’un vaste espace avec une rangée d’arbres et vue sur la plaine et la mer. C’est parfait, nous passons la soirée au milieu des fleurs printanières.

Samedi 26 avril

Grèce centrale (photos)

Dans la plaine en-dessous, toute illuminée de soleil, les oliviers sont plantés en rangs serrés. Petite plaine fermée sur trois côtés par des massifs calcaires que la végétation méditerranéenne n’arrive pas à couvrir complètement, petit îlot ensoleillé au centre de formations nuageuses noires et compactes. Dès la fin, en remontant vers le nord, la route quitte les oliveraies, s’attaque à la montagne et ne tarde pas à pénétrer dans les nuages. Le dernier coteau sur la plaine, les derniers oliviers, à Eleonas (Ελαιώνας), coïncident avec le dernier rayon de soleil. Le col n’est qu’à 850 m d’altitude, mais la vue ne porte pas beaucoup au-delà des premiers arbres au bord de la route. Comment, dans ses conditions, arriverons-nous à trouver la petite route pittoresque signalée sur la carte ? D’ailleurs, la redescente n’indique-t-elle pas que nous l’avons ratée ? Il faut reconnaître que le temps n’est pas propice à la découverte d’un petit morceau de route. À défaut de la partie intéressante, nous bifurquons dans la plaine pour rattraper la partie plate, uniforme et sans grand intérêt qui lui fait suite. Nous n’aimons guère les routes principales et préférons, lorsque nous en avons le temps, prendre des petites routes qui font traverser des paysages et des villages où la vie s’expose au lieu de voies rapides qui fleurent bon le gazole et traversent les zones industrielles. Nous arrivons donc tranquillement à Lamia (Λαμία) où nous faisons halte dans deux de ses supermarchés. En s’éloignant de la montagne, le soleil est revenu. Le fait d’être arrivés par la petite route nous oblige à passer par le centre-ville, la matinée est maintenant bien avancée, le trafic est en proportion de son activité débordante. S’il n’y avait un autobus devant, j’hésiterais à engager le camping-car dans ses rues. Sans la moindre indication, nous demandons plusieurs fois la direction de Larissa (Λάρισα), l’allure en ville le permet aisément, et à chaque fois, c’est un peu plus avant mais rarement tout droit dans ce dédale de rues pas assez larges pour le stationnement et une file de voitures en mouvement lorsqu’elles le peuvent. Si une place se présente, nous ferions volontiers une pause parce que le programme de la journée est léger et que cette ville est on ne peut plus vivante. C’est à peu près sans espoir. Tant pis. Ensuite, il faut traverser une autre montagne, mais encore une fois, le temps ne se prête ni aux découvertes ni aux points de vue. Ce n’est pas de chance que de devoir avancer alors que nous n’avons ni but précis ni urgence. Après la montagne, bifurcation en direction de Larissa, route de plaine, villages exclusivement tournés vers l’agriculture que de petits vallonnements, de l’herbe dans ses habits de printemps et un rayon de soleil suffisent à égayer. À Larissa, nous arrivons après la pluie. Un marchand d’oranges au bord de la route donne l’occasion de s’arrêter. Elles sont conditionnées en sacs de dix kilos, nous en prenons trois parce que dans moins d’une semaine, nous serons quatre. Ensuite, la route est compliquée en ce sens que nous ne souhaitons pas plus ici qu’ailleurs prendre l’autoroute et que celle-ci est bien difficile à éviter. Nous y parvenons et constatons qu’elle est incomplète et que son trafic retourne à la route. Le passage de la montagne suivante suit une rivière sinueuse et nous avons la surprise de tomber sur un péage. Soucieux d’en éviter un autre, nous quittons la route à la première occasion : un grand espace de terre battue où les choix sont limités à un retour en arrière, la voie rapide que nous venons de quitter pour continuer ou une petite route avec son pont limité à moins de 3 m sous la voie de chemin de fer ! Bilan, nous reprenons la voie rapide et en sortons plus loin, après le péage suivant. Des stations balnéaires occupent toute la côte. Nous entrons dans Platamonas (Πλαταμώνας). Une église, de la place mais c’est demain dimanche, ne gênerons-nous pas en prenant place ici ? Allons voir jusqu’à la mer. Le stationnement est réglementé, interdit par endroits, réservé à d’autres… et, de toutes façons interdit aux camping-cars la nuit. Nous prenons place sur un bout du parking d’un restaurant sur le port. Il fait mauvais, il pleut par intermittence et le vent s’est levé, ce qu’il faut pour rester au chaud chez soi.

Dimanche 27 avril

en Macédoine (photos)

Il a plus une bonne partie du temps ; ce matin, il pleut à verse et le vent est fort. Bien qu’il ne fasse pas un temps à mettre le nez dehors, cela ne doit pas empêcher de faire quelques photos des lacs qui se sont formés dans les rues du bord de mer. Le vaste château fort est à peine visible sur la colline plus loin. Ce matin, remonter vers la grande route c’est remonter de beaux torrents qui dévalent les rues pentues sans gêne donc sans vague mais sur une belle épaisseur, la journée ne s’annonce pas bien. Ensuite, il ne pleut pas fort tout le temps, mais il pleut et les nuages sont bas, autant dire que nous ne prenons pas beaucoup d’intérêt aux zones traversées. Le but n’est heureusement pas éloigné, Dion (Δίο) et son site (Δίον) sont à moins de trente kilomètres de route entre l’autoroute, la voie de chemin de fer et le rivage, le plus souvent dans des villages. Ce village est établi dans la plaine au pied du célèbre Mont Olympe (Όλυμπος). En attendant que le ciel se dégage, bien équipés, nous partons à la découverte du site. Ici, pas de montagne comme à Delphes, tout est plat, les parties basses du site sont inondées ou marécageuses. À cette saison et avec ce temps, la végétation est exubérante, l’herbe haute, les fleurs innombrables… Le site n’est pas petit, la balade serait presque agréable s’il ne fallait pas rester sous le parapluie. Des sentiers, tantôt dans la prairie, tantôt sous de grands arbres, tantôt sur les pavés d’anciennes rues ou le long des murs de la cité, conduisent à tous les points d’intérêt. La pluie accentue les contrastes et renforce les teintes, nous y passons tout de même plus d’une heure, une heure pendant laquelle le sommet, près de 3 000 m plus haut, ne daigne pas se découvrir complètement. Nous sommes loin de la vue parfaitement dégagée que nous en avions eu de Thessalonique (Θεσσαλονίκη), de l’autre côté de la baie, il y a deux ans. Laissant le camping-car sur le parking, nous partons pour le centre du village et le musée à pied. La partie de village que nous traversons est construite de pavillons entourés de jardin fleuris et de restaurants d’autant plus nombreux qu’on approche du musée. Encore un musée intéressant, de belles sculptures et, fait peu usuel, des éléments techniques ou artisanaux anciens. Il ne reste plus qu’à reprendre la route. Elle ne présente hélas aucun intérêt, il est des jours où il faut avancer, c’en est un. Petit à petit la pluie cesse et le ciel tendrait à se dégager, toutefois pas au point de retrouver le soleil. Nous traversons des plaines, des champs, des villages, quelques villes, mais rien ne vient rehausser l’impression première. Peu importe, pour une fois, nous savons où nous allons dormir ce soir, nous nous arrêterons encore une fois de bonne heure. Nous le savons pour y avoir fait halte il y a deux ans, c’est à Pella (Πέλλα), sur un terrain vague devant le site archéologique. Sur place, nous avons bien le temps, nous faisons le tour du village pour voir s’il n’y a pas mieux ailleurs, mais rien ne nous tente et nous passons la fin de l’après-midi dans une contre-rue de la principale voie d’accès avant d’aller prendre place en début de soirée à l’endroit envisagé.

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