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Voyage de 2014

Semaine 5, Grèce et Turquie

Lundi 28 avril

Macédoine orientale, Thrace (photos)

Ce matin, départ assez tôt pour éviter des encombrements à l’approche de Thessalonique. Contrairement à hier, le soleil est là, ce qu’il faut pour aller jeter un œil au-dessus des barrières du site de Pella près duquel nous venons de dormir une seconde fois sans le visiter. Nous continuons de penser que nous avons bien fait, les guides n’étaient pas particulièrement enthousiastes sur ce site. En route ! Jusqu’à Thessalonique, pas de problème, c’est en entrant en ville qu’il faut arriver à prendre un contournement par le nord, pas de problème non plus, la circulation est assez dense et rapide, ce qu’il a de pire lorsqu’on est pas sûr de sa route. Un peu plus loin, le croisement ne se présente pas comme prévu. Non seulement nous voyageons sans GPS, mais en plus, nous ne disposons que d’une carte vieille de douze ans sur laquelle il doit y avoir dix fois moins d’autoroutes qu’en réalité. Bref, Serrès (Σέρρες) est bien indiquée à gauche mais par l’autoroute. Je n’y vais pas et prends tout droit vers on ne sait où ! Ce n’est pas une autoroute, juste une route à deux fois deux voies séparées par un terre-plein central avec des glissières de sécurité… ce n’est pas une autoroute, mais cela a tout de l’autoroute, urbaine qui plus est, c’est-à-dire avec le même trafic un peu serré et rapide que tout à l’heure. Si, au départ, sa direction n’était pas mauvaise, elle tourne presque immédiatement vers le sud, donc vers le centre-ville. Première sortie, nous la quittons et reprenons vers l’est par une petite route qui s’élève dans les collines au-dessus de la ville, de beaux quartiers résidentiels sans doute d’un certain niveau. Les villages se succèdent sans interruption, il faut absolument trouver une route qui part vers le nord. Il en est une, une dizaine de kilomètres plus loin, qui passe le sommet de la suite de collines et redescend avec une pente vertigineuse vers le lac Koronia (Λίμνη Κορώνεια), qu’il suffit de suivre pour retourner en arrière vers la bonne route ! Surprise : nous retrouvons sans alternative l’autoroute que nous n’avons pas voulu prendre. L’autoroute laisse bientôt place à une route normale sur laquelle il est possible d’aller à son gré et de s’arrêter quand bon nous semble.

Elle conduit à Serrès, le relief est peu marqué et, à part quelques forêts, des champs la bordent la plupart du temps. Notre route traverse le centre de la ville. Il est si animé, et les magasins si achalandés que nous irions bien y faire un tour. Ce n’est certes pas dans le centre que nous risquons de trouver une place, mais juste après, en partant sur la gauche pour ne pas trop nous éloigner, en voici une. Nous la prenons et partons à la découverte. C’est essentiellement pour traîner en ville, nous n’envisageons pas de visite, nous sommes lundi et le musée a toutes les chances d’être fermé. L’impression que nous avons eue en camping-car se confirme : il y a du monde partout sans raison semble-t-il, pas d’inauguration, pas de manifestation, rien, juste pour les habitants le plaisir d’aller, de se rencontrer, de se promener. C’est très agréable. Nous ne sommes plus en bord de mer, mais les crevettes sont si belles et si fraîches que, sur le retour, nous revenons en acheter chez un poissonnier repéré en nous promenant.

À la sortie du centre, il s’agit de trouver la petite route qui part vers le monastère Timiou Prodromou (Saint-Jean-Baptiste, Μονή Τιμίου Προδρόμου). Elle commence par monter en lacets serrés au-dessus de la ville avant de s’enfoncer dans la montagne que des nuages orageux noirs assombrissent. Le monastère lui-même est niché dans un repli de terrain dû à une ravine, un renfoncement naturel qu’accentue l’écrin de verdure de grands arbres. Nous faisons une pause avant de nous y rendre, mauvaise idée, nous arrivons ainsi cinq minutes après la fermeture ! Nous n’attendons pas la réouverture, trop tardive, nous contentant du cadre et des murs extérieurs. Qu’aurions-nous vu ? Nous l’ignorons bien évidemment, mais l’ensemble est soumis à de grands travaux de restauration, des ouvriers y travaillent, les tas de sable, la grue et tout le matériel entreposé pour cela n’en donnent pas un aperçu inoubliable. Nous retiendrons donc plus la vue sur la montagne d’en face et le haut de la vallée encore ensoleillé mais au ciel parfaitement noir dans cette direction que celle du monastère.

Nous reprenons la route en sens inverse jusqu’à Serrès puis partons en direction de Drama (Δράμα). Pendant une bonne partie de ce tronçon la route suit la montagne, le paysage est donc plus varié. Par contre, après la montagne, nous retrouvons une plaine inintéressante. Nous n’entrons même pas dans Drama et prenons en direction de Kavala (Καβάλα). Ce soir, comme hier, nous savons où passer la nuit, ce sera sur le parking du site de Philippes (Φίλιπποι) que nous retrouvons, inchangé. Dernier soir avant la Turquie. Aucun problème.

Mardi 29 avril

entrée en Turquie (photos)

Il fait très beau et nous connaissons déjà l’intégralité de la route d’aujourd’hui, donc aucun souci. Un grand parking à l’arrivée au-dessus de Kavala en offre un point de vue à ne pas rater. C’est sale et tagué mais la vue sur la ville, le port, la mer et l’île Thasos (Θάσος) est superbe. Par contre, nous n’y passerions pas la nuit et n’y laisserions pas le camping-car. Contrairement à la dernière fois, nous ne nous arrêtons pas en ville, d’ailleurs, comme il y a deux ans, ce ne serait pas simple. En suivant le pied des montagnes jusqu’à Xanthi (Ξάνθη), la route s’éloigne du rivage. Elle y retourne ensuite, passant même sur un étroit banc de sable entre le lac Vistonida (Βιστωνίδα) et une baie à Lagos (Λάγος). Le ciel, la mer et le lac sont bleu foncé. La côte s’éloigne à nouveau, et, cette fois, les montagnes étant plus loin, des champs emplissent le paysage. Ce n’est qu’après Komotini (Κομοτηνή) qu’un faible relief lui redonne plus de variété : à un moment, la route qui serpente sur des collines boisées, domine une vaste étendue de cultures diverses et plus ou moins avancées du plus bel effet sous le soleil. Comme le reste, la suite jusqu’à la frontière se fait sans encombre. Nous faisons le plein avant la frontière et prenons le dernier morceau d’autoroute pour y parvenir. Pas de chance, nous l’avions oublié ou c’est nouveau, les Grecs ont installé une station qui délivre les carburants hors taxe entre les frontières et nous venons juste de faire le plein le plus cher de tout le périple grec ! Quoiqu’il en soit, ce sera toujours moins cher qu’en Turquie.

Le passage aux bureaux grecs est rapide, la carte d’identité et c’est fini. Du côté turc, l’accueil est au rendez-vous, mais on prend le temps qu’il faut pour tout contrôler conformément aux mesures très certainement. Un premier arrêt à l’entrée où le policier nous retrouve immédiatement dans son ordinateur grâce au numéro d’immatriculation du camping-car sans que nous ayons à produire quelque document que ce soit ce qui ne l’empêche pas de demander ensuite nos papiers d’identité et les papiers du véhicule. Nous sommes ensuite autorisés à entrer dans le poste, c’est-à-dire à suivre les voies jusqu’aux vrais contrôles 200 m plus loin. Comme la dernière fois, je profite de l’arrêt pour aller faire un retrait minimum à un distributeur et me renseigner sur les modalités de paiement des autoroutes. Si le retrait est aussi simple que partout ailleurs, il n’en est pas de même pour l’obtention de renseignements. La première difficulté est celle de la langue, je n’en sais pas assez pour le demander en turc et les anglophones sont toujours aussi rares. Le bureau que l’on m’indique, celui de la poste, est fermé ou plutôt non, il est ouvert, mais il n’y a personne aux guichets. Les employés doivent faire une pause quelque part et personne ne vient. Tant pis, nous essaierons de faire mieux à Istanbul (İstanbul). Les démarches d’entrée en Turquie étant terminées, nous rangeons les papiers et repartons. Mais non ! Nouvel arrêt à la sortie de cet immense poste pour un ultime contrôle, le même qu’à l’entrée, et, cette fois, c’est bon.

Nous avançons un peu mais souhaitons nous arrêter tôt afin de ne pas être trop près d’Istanbul ce soir. Nous connaissons la route et savons que le trafic y est d’autant plus impressionnant qu’on approche de cette ville énorme et que les possibilités d’arrêt tranquille y sont d’autant moins fréquentes. Dans cette partie, et sans doute jusqu’à Tekirdağ, c’est encore la campagne. À la différence de la Grèce, les champs sont grands, le paysage est par conséquent encore moins intéressant. C’est sans importance puisque nous devions rouler et que c’est le dernier jour sans but. La première ville est Keşan. La ville proprement dite est un peu en retrait de la route, mais autour du carrefour s’est développé tout un quartier commercial et pour la galerie marchande, un grand parking semble nous attendre. Nous y prenons place et partons à la découverte de la galerie et du supermarché. Tout y est récent et aucun magasin n’a quoi que ce soit à envier aux nôtres. Au supermarché, le plus frappant est la richesse de l’offre, là où l’on ne trouve que des mètres de denrées identiques chez nous. Ce sera notre promenade du jour. En attendant la soirée, installés dans un coin peu fréquenté du parking, à l’écart du bruit du carrefour et du trafic, nous faisons du rangement.

Mercredi 30 avril

vers İstanbul (photos)

Départ un peu lent ce matin, nous ne sommes que modérément pressés d’arriver parce qu’il s’agit en tout premier lieu de ne pas se précipiter en ville pendant la ruée matinale, le trafic ordinaire suffira. À la station-service juste derrière le parking du supermarché, on lave les voitures, et si nous nous faisions un brin de beauté extérieur ? Nous y allons, attendons notre tour et demandons à l’un des préposés armés d’un Kärcher un lavage au savon, c’est plus long mais plus propre après. Pour le prix, c’est ce qu’on donne. Il porte la plus grande attention à tous les recoins du véhicule. Nous le payons, cédons notre place au suivant et prenons la route. La route est comme une autoroute, la seule différence est qu’elle traverse des lieux habités, d’ailleurs plutôt rares, et que des routes, voies et chemins y arrivent et en partent. En plus, elle est parfaitement rectiligne, plein cap sur le soleil.

Moins de 100 km nous séparent de Tekirdağ où nous comptons nous arrêter, nous disant que dans une ville moyenne nous aurions moins de difficultés et moins de monde pour quelques achats. Nous entrons donc en ville par le boulevard qui longe la mer que nous quittons vers le centre et commençons à nous aventurer dans des rues pour repérer les quartiers propices. Le boulevard fait quatre voies plus le stationnement, les rues sont variables et, de plus, dès qu’on quitte le rivage, le relief se fait sentir, la ville est bâtie sur des collines au-dessus de son petit port. Il faut ressortir au plus vite de là ! Les rues sont rapidement à sens unique avec des voitures garées des deux côtés. En haut de la première montée, le demi-tour n’étant pas envisageable, je prends à gauche pour redescendre, puis encore à gauche. La descente est extrêmement raide, autant dire que nous ne pourrons pas remonter en marche arrière, il faut que cela débouche ! Hélas, plus loin, c’est plus étroit et nous ne réussissons à passer qu’au demi-centimètre près des deux côtés, tous rétroviseurs pliés, comme nous avons pris soin de le faire pour ceux des voitures en stationnement. Ouf, une issue. Maintenant, nous ne cherchons plus que sur le boulevard et au retour, une place se présente, nous ne cherchons pas à savoir si c’est autorisé, nous ne sommes qu’une des très nombreuses voitures garées là. Une chose est maintenant sûre : nous chercherons et irons à pied. En fait, nous souhaitons surtout acheter une carte SIM pour le portable et nous avons eu le temps d’apercevoir des magasins de compagnie de téléphonie mobile. Nous voilà à pied d’œuvre. L’accueil est irréprochable mais l’anglais limité, tant pis. Il n’est pas compliqué d’acheter une carte, par contre, les choses se corsent pour savoir son aire de validité, la Turquie, c’est certain, mais si elle avait le bon goût de permettre de téléphoner après, ce serait mieux. L’achat terminé, il faut encore acheter des unités et, là, les questions sont encore plus nombreuses. La jeune vendeuse y met toute la bonne volonté nécessaire, n’hésitant pas à faire intervenir son jeune patron ou d’autres clients, mais nous n’arrivons pas à en savoir beaucoup plus. Nous verrons à Istanbul s’il est possible d’avoir plus de détails. Nous leur demandons le bazar, pour cela, pas de problème. Un fait demeure incompréhensible pour eux : nous avons acheté une carte, des unités, ils ont vérifié le bon fonctionnement du tout, mais nous n’avons pas voulu qu’ils laissent la carte dans le portable. La raison en est pourtant simple, le forfait actuel n’est pas épuisé, mais ils n’ont pas compris nos explications. La ville est vivante, des commerces partout, des vendeurs ambulants… Les tas de fraises mûres sur place et ceux de prunes qu’ils achètent vertes et dures sont autant de taches de couleurs vives sous le soleil. Après avoir parcouru quelques rues, nous allons jusqu’au rivage. Il fait une température idéale.

Encore une fois, il ne reste qu’à reprendre la route. Une cinquantaine de kilomètres nous séparent de Silivri et du vrai début de la zone densément peuplée. La route suit la mer de Marmara d’assez près pour que nous profitions du paysage. Tiens, on dirait qu’une bande d’isolant se détache de la capucine. De fait, plus loin un petit morceau se met à battre au vent de la route, il s’allonge doucement. Bon, arrêt. Je profite d’une station-service pour prendre une place et regarder ce qui se passe. C’est bien cela. Sans doute la faute au Kärcher de ce matin. Je le remets en place doucement et le plaque bien au fond de sa rainure. Il est bien possible qu’il ne joue aucun rôle dans l’étanchéité, mais mieux vaut s’assurer qu’il est bien en place quand même. En route, une fois de plus ! C’est bien comme nous le pensions, l’expérience aide. Les habitations se resserrent, les voitures aussi. Nous ne tardons pas à avoir trois des douze voies, trois pour l’aller, trois pour le retour, deux contre-allées à deux voies chacune pour le trafic local et les arrêts et deux voies au centre, isolées et grillagées, pour les transports en commun. C’est le milieu de l’après-midi et pourtant, presque tout est plein. De toutes façons, sur ce genre de route, pas d’autre choix que de continuer. Pour nous, par expérience toujours, nous sortirons au niveau de l’aéroport, en évitant d’aller plus loin dans cette direction pour ne pas entrer dans le cœur de la vieille ville par là. L’avantage d’une circulation dense mais qui avance est de pouvoir prendre les décisions sans précipitation. La sortie de l’aéroport est bien indiquée, longtemps à l’avance, et, ensuite, nous retrouvons le boulevard en bord de mer qu’il suffit de suivre jusqu’à « nos » parkings. C’est à partir de Yenikapı qu’il faut faire attention. Premier parking à droite, le long du port des ferrys pour Yalova. Il nous semble que le grand arrêt de bus à l’entrée a changé, peu importe. Nous nous présentons au guichet et on nous refoule, nous indiquant d’aller plus loin sur la droite. Nous connaissions ce parking et nous préférions celui-ci, plus tranquille et plus propre. Entre les deux, de gros changement, des travaux occupent toute la place, ceux du creusement d’un tunnel sous le Bosphore (İstanbul Boğazı). Plus de parc, plus de restaurant. Le parking, lui, est toujours là. Il a changé aussi. S’il est toujours occupé par des camping-cars, on y a maintenant installé une barrière et un tout petit kiosque pour le préposé au péage. Les tarifs ont beaucoup augmenté avec la transformation du paiement à la main au système automatique en fonction de la durée. Une fois engagés, nous y pénétrons et y prenons place. Les travaux sont juste derrière, espérons qu’ils ne sont pas trop bruyants la nuit. La présence des autres camping-cars, certains bien installés, est en ce sens plutôt engageante. Juste en face de nous, des Français de la Dordogne. Les autres sont surtout des Allemands. Nous nous installons avec la ferme intention de ne pas y passer plus d’une nuit. Un peu avant l’arrivée de la nuit, nous partons pour le quartier de Sultan Ahmet avec l’avantage de savoir par où passer. Les marchands ambulants vendent leurs dernières fraises et commencent à plier leur matériel. Le ciel n’est pas encore sombre et les éclairages se mettent marche lorsque nous arrivons sur At Meydanı. C’est vraiment un moment magique que celui où l’on bénéficie à la fois de l’éclairage naturel et de l’artificiel sur fond de ciel bleu foncé. Nous passons un bon moment à arpenter la place devant la mosquée Bleue et Sainte-Sophie, à rechercher tous les points d’observation possibles, puis à déambuler dans le Divan Yolu cadessi où l’on se presse aux nombreux restaurants et chez les marchands de pâtisseries orientales. Nous le remontons jusqu’à la mosquée Atik Ali Paşa, puis redescendons doucement vers notre parking.

Jeudi 1er mai

d’İstanbul à la Mer Noire (photos)

Voici un mois que nous avons quitté la maison. Bavardages avec les Français d’en face. Ils ont fait une remontée depuis l’Argentine jusqu’aux États-Unis avec leur camping-car il y a quelques années et ont l’intention de passer dans la partie asiatique de la Turquie pour visiter, nous leur communiquons les informations que nous pouvons. Avec tout cela, nous ne partons pas tôt.

Le but pour aujourd’hui : aller à la mer Noire du côté européen, juste pour voir et ne pas rester dans ce parking nul dont les seuls attraits sont la proximité du centre historique et le bord de mer. Le bruit des travaux n’a pas été gênant bien qu’il n’ait pas cessé de la nuit. 1er mai, exactement comme il y a deux ans, le souvenir de la galère qu’avait été la sortie de la ville est encore présent. Nous ne partons pas tout à fait dans la même direction, nous devons toutefois aussi traverser la Corne d’or (Haliç). Espérons que les manifestations ne bloqueront pas trop de rues et que nous pourrons passer le pont Galata (Galata köprüsü). Tout à l’opposé de nos craintes, tout va bien et nous voilà partis vers le nord, approximativement parce que nos cartes ne peuvent dévoiler toutes les artères de cette ville tentaculaire. Sortir d’une grande ville pour prendre une petite route est la pire des situations parce qu’il n’y a quasiment aucun espoir de trouver des indications. C’est donc au jugé que nous avançons, le soleil servant de boussole. La forêt jouxte la ville à l’exception d’une vallée tout en méandres où se sont installées toutes sortes d’entreprises poussiéreuses et laides qui doivent œuvrer dans les travaux publics. Comme la direction générale de la vallée est plutôt celle du nord-ouest, il va falloir trouver une échappée sur la droite. Nous devons attendre Mimarsinan où une route part à l’assaut des reliefs boisés. C’est une route juste assez large pour les deux sens qui serpente à travers la forêt et dont les virages se suivent de si près qu’ils laisseraient penser qu’elle contourne certains arbres. Aucun horizon, les arbres masquent tout et commencent dès le bord de la route. Comme le trafic y est plutôt rapide et assez chargé, l’heure n’est pas à traîner. Après un nombre incalculable de virages et encore plus d’arbres, la route redescend un peu pour déboucher sur la clairière de Bahçeköy, un petit village très animé. Nous nous y arrêtons devant un magasin de bricolage-jardin-quincaillerie. Nous n’avons en effet pas pris de rallonge électrique, nous avons petit à petit décidé de ne plus en prendre tant elle servait peu puisque nous ne prenons presque jamais le camping, mais nous pourrions en avoir besoin demain à l’autre parking à Istanbul. Je ne sais dire ni rallonge, ni prise, ni fil électrique… heureusement, les rouleaux de fil sont bien visibles. Pour le reste, pas besoin de mots : il faut trois fils, deux prises et je sais demander 30 m, tout va bien. Il ne restera plus qu’à monter les prises ce soir et la rallonge sera fonctionnelle demain. Pour gagner Kumköy, au bord de la mer, c’est facile puisqu’une seule route y mène. Les constructions neuves et les rangées de pavillons envahissent les plus petits espaces entre les collines à l’approche de la mer. Notre petite route traverse le chantier de construction de l’autoroute qui contournera Istanbul par le nord et permettra d’alléger le trafic urbain de tout le transit actuel.

Au plus près de la mer, elle reste invisible, nous savons que nous y sommes simplement parce que les rues s’arrêtent. Nous montons sur la colline de l’ancien château, y trouvons une place en face d’une petite mosquée verte et partons un peu plus loin dans l’espoir de voir enfin l’eau. Nous voyons des habitations, des jardins, une végétation bien fournie et fort peu la mer. C’est un peu décevant. Il va falloir redescendre et descendre la rue piétonne du centre. Effectivement, après plusieurs magasins de souvenirs et quelques restaurants, la voici enfin. Sur la gauche, une étroite bande de sable clair, quelques installations vieillottes délabrées, sur la droite une petite baie au pied de la colline de tout à l’heure et, en face, la mer Noire qui, aujourd’hui et contrairement à celle que nous avions vue, n’est pas noire vu que le ciel, bien qu’ennuagé, n’est pas noir. C’est nettement moins pittoresque, moins en vogue et moins touristique que du côté asiatique, vers Şile. C’est simple et sans prétention. Quelques personnes, des familles sont venues, mais personne ne va à l’eau. Nous souhaitions voir, nous avons vu. Encore une petite promenade et nous partons voir les environs vers l’ouest. Peu à en dire, les accès à la mer s’il y en a, ne sont pas visibles et sur la gauche, les pavillons sont de plus en plus luxueux. La route s’arrête à l’entrée d’un groupe de pavillons de standing, demi-tour. Il n’y a non seulement rien à voir, mais, de plus, nous ne trouverons pas d’endroit propice pour passer la nuit par ici. Nous reprenons la route par laquelle nous sommes arrivés pour aller jusqu’au petit supermarché devant lequel nous sommes passés. Même lui a de la classe. Devant être en pleine forme pour la suite, nous passons une partie de l’après-midi sur son parking à ne pas faire grand-chose. Au moins la rallonge est prête ! Vers le soir, retour au centre. Nous prenons place sur le parking devant la mosquée, la grande, en bas, en espérant qu’il n’y a pas de contre-indication.

Vendredi 2 mai

retour à İstanbul (photos)

5 h moins un peu, je ne vois pas bien dans le noir… appel à la prière. Le parking a été tranquille, pas un bruit, mais juste en face de la mosquée, nous sommes aux premières loges pour l’appel à la prière. Le matin tôt, c’est heureusement rarement long, il suffit de se retourner et de se rendormir, d’autant que ceux qui viennent à la mosquée sont à pied et ne font aucun bruit. 5 h 10, quelqu’un essaie d’ouvrir une porte avant, il ne manque pas de toupet celui-là. Nous sommes immédiatement à nos postes d’observation, personne, des retardataires pressent le pas dans les escaliers de la mosquée. Nous restons un bon moment à observer, pour rien. La situation est un peu bizarre, nous sommes là depuis hier soir, exactement sous un réverbère, et quelqu’un a attendu qu’il y ait du monde dans la rue pour essayer d’ouvrir, étrange, non ? Nous finissons par nous lasser et nous nous recouchons. Vers 6 h moins le quart, nouvel essai. Bizarre, ce ne sont pas des essais en douceur comme le ferait sans doute un voleur pour passer inaperçu, c’est une personne qui essaie franchement d’ouvrir comme s’il s’agissait de sa propre voiture, comme nous le faisons tout le temps, à chaque fois que nous y montons. De nouveau, nous avons beau scruter tous les coins du parking depuis notre perchoir, c’est toujours en vain. Nous ne tardons pas à comprendre ce qui se passe : nous sommes sur la place du marché et, manifestement, vendredi est jour de marché, des camionnettes arrivent, du matériel est disposé, il faut partir vite si nous ne voulons pas être retenus dans les mailles du filet que se tend ! Rien de grave donc, celui ou ceux qui ont essayé d’ouvrir devaient en fait chercher à savoir s’il y a avait du monde à l’intérieur et, dans l’affirmative, vouloir nous demander de partir. À 6 h 10, nous sommes sur le petit parking en haut, nous avions hésité entre les deux hier soir. D’ici, on voit la mer, mais il nous avait semblé, malgré les quelques voitures stationnées, qu’il servait d’arrêt et de place de retournement pour les minibus des environs. C’est là que nous faisons semblant de finir notre nuit, semblant parce qu’à cette heure où le jour commence à se lever il devient difficile de se rendormir. L’avantage de la position est la proximité des commerces et du marché, du coup. Nous avons du pain frais de la première fournée et, sur le marché, nous prenons des petits pois comme ils deviennent rares chez nous où les jeunes générations penseront sans doute qu’ils poussent en sachets congelés ou en boîtes.

Finalement, nous partons tranquillement vers 9 h un quart ! Nous sommes d’autant moins pressés que nous rentrons en ville et que nous ne souhaitons pas y arriver au moment du rush matinal. Nous allons essayer de gagner le Bosphore au plus près. Belle idée, mais la réalisation est plus ardue. Nous n’avons aucune direction à suivre et partons au jugé vers l’est dès que nous pouvons. La route est une copie conforme de celle d’hier avec ses virages autour des arbres et son absence d’horizon et le trafic s’est nettement renforcé, le gigantesque chantier de la nouvelle autoroute y contribuant nettement si l’on en croit le nombre de camions. Et tout ce monde va vite. Il reste à suivre en espérant qu’elle débouchera au bon endroit. Eh oui ! Tout à coup, au sommet d’une colline, la forêt s’arrête et l’ouverture à laquelle elle laisse la place donne à voir le Bosphore, des navires et des villages avec leur mosquée. Le temps est assez couvert, dommage parce que le point de vue est joli et que nous aurions pu en profiter plus longtemps puisqu’il y a de la place pour s’arrêter. Descente rapide, nous sommes sur la route que nous voulions prendre, celle qui suit le rivage ouest du Bosphore jusqu’à Istanbul. Bien sûr, nous n’y sommes pas seuls, mais le trajet est agréable et la présence de commerces et d’installations nautiques oblige à laisser un peu de place pour l’arrêt. Vers le nord, une pile du futur troisième pont reliant l’Europe et l’Asie se dresse déjà très haut au-dessus des eaux. De là où nous sommes, impossible de savoir si le travail est aussi avancé du côté européen. L’intensité du trafic sur le Bosphore a de quoi impressionner, la faible largeur du détroit – moins d’un kilomètre à bien des endroits, aux ponts en particulier – renforce cette impression. Nous sommes là pour voir, nous prenons notre temps. La ville ne présente pas de discontinuité jusqu’aux parties anciennes d’Istanbul, et, pourtant, dans ces gros villages, l’atmosphère reste calme, on se promène, on fait ses achats ou son jogging le long de la mer… Le premier pont, Fatih Sultan Mehmet köprüsü, qui date de 1986-88 passe à plus de 60 m au-dessus de nos têtes, comme le second, Boğaziçi köprüsü de 1973, un peu plus loin, de gigantesques et admirables constructions. Ce dernier marque vraiment l’entrée en ville. Un peu plus loin, passage devant le palais de Dolmabahçe, puis, une route connue, le pont Galata, le tour est bouclé.

Nous poursuivons sur le rivage jusqu’au terrain de sport de la municipalité de Fatih près de Yenikapı, juste un peu plus loin que le parking d’avant-hier. Nous savons que nous trouverons là tout le confort nécessaire : toilettes, vidange, eau, douches, wifi et machine à laver. L’emplacement a tout du camping bien équipé sauf la place, nous sommes en ville. Tout en étant un peu moins près de la mosquée Bleue ici, nous n’en sommes pas loin, le grand point touristique le plus proche est le Grand bazar. Encore un peu de rangement et de nettoyage, et, dans l’après-midi, nous partons pour l’aéroport. C’est très facile puisqu’après avoir remonté le boulevard Gazi Mustafa Kemal Paşa jusqu’au boulevard Ordu, il suffit de prendre à gauche pour trouver la station de métro Aksaray. Prendre le métro ou le tramway est d’une grande simplicité, on glisse son jeton dans la fente pour débloquer le tourniquet. Les resquilleurs ne doivent pas être nombreux, partout des gardiens veillent. Ensuite, c’est direct jusqu’à l’aéroport qui marque le terminus de la ligne. L’aéroport est à la mesure de la ville, nous sommes largement en avance, le temps de voir comment cela se passe et de parcourir les lieux. Nous occupons une partie du temps au comptoir de la compagnie de téléphone de notre carte SIM pour compléter les informations. Ici, on parle évidemment parfaitement anglais et cela facilite le dialogue. Ensuite, nous nous plaçons aux deux extrémités du sas de sortie et attendons.

Notre fille et son compagnon viennent nous rejoindre pour une semaine. Je disais que nous étions en avance, c’est vrai puisque nous sommes postés à l’heure de l’atterrissage. Leur vol n’a pas de retard. Et nous attendons, attendons, comme les autres autour. La plupart sont des employés d’agence de voyage ou des propriétaires de logements venus chercher leurs touristes ou leurs hôtes, nul besoin de leur demander puisqu’ils ont presque tous un papier sur lequel ils ont écrit des noms. Nous avons un avantage sur eux, nous connaissons ceux que nous attendons et les reconnaîtrons. L’attente est extrêmement longue, je finis par demander à mes voisins si c’est habituel. Oui. Par exemple, une heure d’attente n’a rien de surprenant. Nous commencions à douter bien que nous n’ayons reçu aucun message. Ils ont dit vrai, les voici. Retrouvailles à la sortie. Ensuite, métro dans l’autre sens, boulevard à redescendre et nous arrivons chez nous. Installations : dans le camping-car et par rapport aux locaux.

Nous mangeons vite et, malgré leur fatigue du voyage, partons non moins rapidement pour At Meydanı pour la vue sur la mosquée Bleue et Sainte-Sophie à la tombée de la nuit. Il est malgré tout plus tard que mercredi, le ciel est presque noir. Ce n’en est pas moins beau. On aimerait traîner plus, regarder les devantures, aller voir ailleurs, descendre au pont Galata, mais il ne faut pas exagérer ! Retour chez nous.

Samedi 3 mai

İstanbul (photos)

Très beau temps, c’est parfait pour aller en ville. Monter en ville depuis le bas du quartier de Yenikapı consiste à emprunter le passage pour piétons sous la voie de chemin de fer puis à remonter diverses rues populaires pour déboucher sur l’Ordu cadessi. Partout l’œil est attiré par ce qui se vend, par les gens et leurs activités. Au coin de l’une d’elles, nous avons « notre » boulanger. Son minuscule lieu de travail qui déborde sur la rue laisse à peine assez de place pour lui et son collègue, chacun installé aux deux bouts d’une table sur laquelle il ne serait pas possible de préparer beaucoup de pain tant elle est exiguë. La cuisson se fait à côté, le chef a juste à se tourner d’un quart de tour. La vente se fait par la fenêtre. Il est bien difficile de résister à ce pain tout frais, pour l’essentiel des pains tout plats. Plus loin, ce sont des fruits et des légumes bien frais, des échoppes de restauration à prendre sur place ou à emporter… En haut, changement de monde : entre des rangées de magasins qui ne désemplissent pas, sur le boulevard, entre les piétons qui vont en tous sens et les vendeurs divers, circulent des tramways flambant neufs.

De l’autre côté, une entrée dans la partie couverte du Grand bazar. C’est là que nous allons ce matin. À cette heure, les allées ne sont pas encore trop pleines, on y circule, on voit à l’avance et on peut y respirer. Nous ne notons aucun changement, l’atmosphère est calme, les commerçants bavardent entre eux, prennent le thé ou attendent des clients. Ils ne manifestent aucun empressement excessif auprès des touristes ou des passants. Il est agréable de se promener, de pouvoir regarder, admirer, comparer sans pression. Malgré l’indication des portes, le repérage dans le bazar n’est pas simple, il se complique avec les envies de tourner par ici ou par-là, juste pour aller voir, et finir par se demander où l’on est et par où continuer. Mais vu que nous y sommes pour voir, cela n’a guère d’importance. Si l’on perd rapidement toute notion d’orientation, le temps n’est pas en reste. Combien de temps y passons-nous ? Mystère. Heureusement que cela n’a pas d’importance non plus. Après la partie couverte, nous partons dans des rues ouvertes. L’atmosphère y est toute différente. Nous apprécions cette partie-là, plus authentique à notre goût parce que moins limitée, voire pas orientée du tout vers le tourisme. Tout n’y est pas intéressant, mais partout, force est de constater que cette forme de commerce véhicule une offre d’une richesse que nous avons perdue chez nous. Il est donc possible, ici, d’admirer l’infinie variété de produits et objets d’usage courant ou typiques du pays.

Petit à petit, nous descendons vers la Corne d’or (Haliç) et le pont Galata au pied duquel nous retrouvons l’animation que nous lui connaissons, d’autant plus que la matinée est maintenant terminée. Les passages souterrains se font à l’allure de tortue tant la foule y est dense. Jusqu’au milieu du pont, nous prenons la voie inférieure du côté ouest, mais au milieu où elle s’interrompt pour le passage des bateaux et il en passe sans arrêt, nous repassons à l’étage supérieur, celui du trafic et des tramways et, pour les piétons que nous sommes, celui des pêcheurs. Pas un espace vacant le long des rambardes, les pêcheurs ont tout pris. Leurs cannes dépassent sur le trottoir. Beaucoup ont un seau d’eau fraîche pour leurs prises, certains vendent immédiatement. Ils sont nombreux aussi à avoir apporté un petit pliant. Les touristes, moins nombreux qu’eux photographient dans tous les sens. Il faut reconnaître que c’est une des très belles vues d’Istanbul : en arrière, des mosquées aux innombrables minarets dont, au premier plan, ceux de la Yeni cami, et, de l’autre côté, la colline de Beyoğlu avec sa fameuse tour de Galata. De part et d’autre, la mer avec son va-et-vient de bateaux en tous genres, tandis qu’au fond passent les gros navires du trafic international avec la mer Noire. On pourrait y rester des heures.

Pour l’instant, nous partons en direction de la tour. Nous n’y sommes jamais montés, c’est l’occasion. Mais il ne faut pas parler trop vite : à l’extrémité du pont sur cette rive, un petit marché au poisson, superbe, c’est si frais que nous prendrions bien tout ! À défaut du frais, quelques fritures en marchant et en continuant à admirer les étals… La montée directe vers la tour est raide. Par ici à cette heure, il est à se demander s’il y a des Turcs parmi les passants. Les magasins pour les touristes sont d’autant plus nombreux qu’ils sont plus haut. Au pied de la tour, la file d’attente fait plusieurs dizaines de mètres de longueur. Nous nous interrogeons sur l’opportunité d’attendre. Lecture des guides et décision : nous redescendons pour retourner vers Sultanahmet. Pour changer, nous passons par l’autre trottoir sur le pont, côté mer de Marmara, c’est d’ici que l’on peut regarder les pêcheurs sur fond de mer et de mosquée, encore une fois, nous traversons le pont tout doucement.

D’ailleurs, cette mosquée, la Yeni cami ou mosquée neuve qui date tout de même du début du XVIIe siècle, nous n’en connaissons pas l’intérieur, allons voir. Bon, nous n’y sommes pas seuls, mais l’essentiel n’est-il pas surtout le haut, sa grande coupole, ses belles faïences bleues d’Iznik (İznik) par exemple ? Et puis, foule ou pas, il suffit de s’installer sur les tapis et de rester à regarder.

En face de la mosquée, le bazar Égyptien, la partie du bazar couvert consacrée aux épices. Un ennui toutefois, l’heure. L’après-midi est bien avancée et il semblerait que la moitié de la ville se soit donné rendez-vous ici. La progression est extrêmement lente, pénible par moment. Heureusement, les tas des bacs à épices ou de fruits confits ou séchés sont là, indifférents, à offrir leurs taches de couleurs aux yeux émerveillés. Il n’empêche qu’après moins de la moitié, nous avons hâte d’en sortir tant la foule est oppressante. Ce ne sera pas simple, plus nous montons et plus la densité augmente. Lorsque nous arrivons enfin en haut, la ruelle n’est pas mieux. À partir d’ici, il n’est plus possible de s’arrêter pour regarder quelque chose, ni d’aller regarder de l’autre côté pourtant à portée de bras, il faut nous laisser porter par le flot. Au carrefour suivant, nous voulons aller tout droit, mais c’est impossible, il est à la fois impossible de traverser le flot de droite et de ne pas se laisser embarquer par celui qui part à droite. Bilan : nous partons à droite et faisons demi-tour quelques mètres plus loin en profitant d’une personne qui s’est arrêtée dans le flot montant. Il ne reste plus qu’à tourner à droite et le tour est joué. Bref, ce n’est pas l’heure de visiter ce quartier.

Maintenant, cela va mieux, nous trouvons l’escalier qui monte à la mosquée Rüstem Paşa, un joyau de faïences bleues devenu un temps un havre de calme après toutes ces émotions. Retour vers At Meydanı par des passages plus tranquilles. Nous nous séparons. Je souhaite en effet en savoir un peu plus sur les péages autoroutiers. Nous partons donc vers le bureau d’informations touristiques où nous sommes parfaitement bien reçus ce qui, disons-le en passant, efface l’impression que nous avions eue il y a deux ans. Ma question surprend l’employé, son ordinaire doit plus tourner autour de la ville et de ses ressources touristiques. Après un court instant de réflexion, il n’hésite pas à affirmer que nous n’avons pas à payer et que lui, à notre place, ne paierait pas ! Bon, nous lui demandons toutefois où se trouve le bureau de poste principal. Pas de chance, nous étions dans ce quartier, nous y retournons. Plus nous avançons et plus il parait évident que ce sera fermé, un samedi en fin d’après-midi, quel espoir reste-t-il ? Peu avant d’y arriver, le quartier est comme mort. Passant devant une librairie, nous demandons la poste, c’est bien là-bas, mais de quoi avons-nous besoin ? des timbres, ils en ont, des cartes, de même, etc. Ils sont quatre ou cinq vendeurs, aucun client en vue, ils ont du temps et envie de bavarder, nous entrons et nous voilà à parler de Turquie, de nos voyages. Ils ont des cartes et nous pouvons entrer dans plus de détails sur l’une d’elles. Ils passent ainsi un bon moment, nous aussi. Quant à la question des péages sur les autoroutes, ils ne savent pas, mais eux non plus ne paieraient pas à notre place. Après avoir marché toute la journée, il ne reste plus qu’à rentrer tranquillement. Nous remontons par des rues tranquilles avant de rattraper le même boulevard que ce matin et de redescendre dans notre quartier à majorité kurde bien vivant.

Dimanche 4 mai

İstanbul (photos)

Nous partons en visite séparément. Les jeunes vont visiter le palais Topkapı, nous partirons plus tard parce que la météo est incertaine et ailleurs parce que nous avons visité ce palais il y a deux ans et que notre premier souvenir est la longueur de la file d’attente, autant aller voir quelque chose que nous ne connaissons pas. Nous avons bien fait d’attendre, un gros orage épanche sa charge d’eau sur la ville, ils doivent être bien mouillés. Une pluie d’orage, cela passe, c’est vrai, mais le ciel reste incertain avec de beaux nuages et du soleil.

Notre choix pour aujourd’hui s’est porté sur le musée des Arts turcs et islamiques, en particulier pour ses tapis. Au lieu d’y aller directement, nous passons par la place Beyazıt devant l’Université. Ce ne sont pas les pavés mouillés qui attirent toujours autant de pigeons mais les nombreux promeneurs en famille ou seuls qui, après avoir acheté des graines aux quelques vendeurs, leur jettent. Comme partout, c’est un spectacle en deux actes. Au premier, les pigeons observent les passants, les vendeurs et leur manège et, au second, les passants et leurs enfants regardent les pigeons se précipiter sur les grains de blé tandis que les vendeurs attendent d’autres acheteurs en fumant, plaisantant ou lisant. Plus loin, le fumet des carrioles des marchands d’épis de maïs et de châtaignes grillés est trop matinal pour déjà attirer des clients. Dans un espace resserré entre la mosquée Beyazıt et la bibliothèque se trouve un quartier de librairies. Bien que les livres en langue étrangère n’y soient pas nombreux, il est toujours intéressant de voir les catégories de livres qui s’y vendent, d’en feuilleter quelques-uns et de regarder les petits rayons à caractère touristique, un livre de recettes en français par exemple. Nous partons ensuite tranquillement vers le musée. Il est facile à trouver, des échafaudages du côté de la place At Meydanı sont un mauvais signe. Nous passons sur le côté, c’est bien ce que nous craignions, travaux, tout est fermé comme le confirme un gardien. À défaut, comme le soleil inonde la place, nous poussons jusque dans la cour de la mosquée Bleue. Les minarets semblent chatouiller le plafond nuageux. Ensuite, direction Sainte-Sophie, pour le plaisir de marcher dans le jardin entre ces deux monuments emblématiques.

Finalement, nous traversons la rue et allons rejoindre la longue file d’attente à la Basilique-Citerne. Sa vitesse permet d’observer tout à loisir ce qui se passe autour, en fait, pas grand-chose, la plupart des passants sont des touristes dont les visages trahissent parfois la lointaine origine, on parle toutes les langues possibles ici. Les autres sont des vendeurs de trottoir turcs, des colifichets ou des sucreries essentiellement. C’est dommage que ce ne soit pas plus intéressant parce que nous avons le temps. Doucement, doucement, nous finissons par arriver à la caisse puis, un peu après, l’escalier est à nous et nous plongeons dans les entrailles du monument. Une forêt de colonnes, la base dans l’eau. Bien fait, l’éclairage orangé qui sort de l’eau met les colonnes et les voûtes de brique en valeur tout en préservant l’obscurité globale de la vaste salle où l’on se déplace sur des passerelles. L’ensemble est fascinant et ne donne aucune impression de foule comme l’attente aurait pu le laisser penser. À l’extérieur, le soleil est éblouissant. Il n’est pas tard, mais nous rentrons ensuite tranquillement pour mettre au point le périple de demain. Il fait chaud et s’il ne pleut pas, rien ne dit que cela ne recommencera pas bientôt.

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